D lire

James Px.

J'ai l'impression de perdre mon temps

De ne rien retenir 

De ne rien comprendre

Moi qui n'aime pas lire

Je vous conseille le contraire


Pour me détacher 

Je m'attache à lire

Son abus est une source de lumière

Pour porter des verres progressifs

Se laisser pénétrer par l'abondance

Pour mieux la filtrer

Lire protège


Moi qui essaie d'écrire de la poésie

La rue est noire je marche seul

À l'angle mort

Une enseigne lumineuse

Des notes de musique une voix

Encensent ma vie

Lire est doux


Ce soir la pluie donne du relief

Des flaques d'eaux réfléchissent

Pour comprendre l'autre

Et ses hiéroglyphes

J'appelle Champollion

Il est sur répondeur

Lire est une aventure


J'écoute le vent 

M'approprie quelques images

Rejoins le toit du monde

Par le colimaçon tournoie en spirale

Et évite le ciel plein de corbeaux

Lire c'est voyager


Je laisse derrière moi quelques refrains

Toutes ses ombres qui se promènent

Le long des murs

Pour m'endormir avec quelqu'un de différent

Une voix me souffle 

De ne pas me laisser infirmer

Ni par l'autre ni par moi

Lire libère


Ma prose est un arc indéfiniment tendu

Et si quelques flèches survolent mon aire

Aucunes m'atteignent

Dans la folle ignorance 

Blessé je l'ai été 

Lire soigne


Au-dessus du chapiteau en pierres bénites

Ni anges ni démons

Un va-et-vient s'immisce à la chair complice

Monte et descend un éléphant rose

Sous la voûte du saule pleureur

Une minuscule lueur lunaire

Lire console


La brume a recouvert ma nuit blanche

D'un manteau suave

Je rejoins avec Morphée

Mes souvenirs oubliés

Et me repose entre deux feuilles écrues

Entre liberté et enfermement


D'où me vient cette mystérieuse sensation

De déjà-lu



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