Dans la confusion des brumes

Jean Claude Blanc

Etat des lieux de nos états d'âme après cette crise; plus comme avant, peut-être pire, soyons vigilants protégeons nos valeurs, un peu de tendresse bordel! l'art poétique seule solution

                     Dans la confusion des brumes

Venu le moment de faire une pause   (do, sol)

Révoquer de suite l'Etat d'urgence     (fa, sol)

De cette oppression, j'ai pris ma dose  

Où se débectent les sales engeances

Ne valant pas des pages de prose

De versifier déjà pas rose

Ne m'occasionnent que des rancoeurs

Alors qu'ils aillent se faire pendre ailleurs

Pour pas plonger dans le néant

Hérisse mes ailes et je m'envole

A l'horizon évanescent

Là où me chante la clé de sol (ré, sol)

 

De cet empire sombre bilan

Quartiers lumières peu reluisants

Où s'agglomèrent misère et haine

Bien plus tentant et m'inspirant  

A écouter chants des sirènes

Restant planté sous mon vieux chêne

Tout près d'ici coule une rivière

Me dévoilant pas ses mystères

Que goutte à goutte sous les racines

Seulement me confiant d'un air intime

Que son existence est précaire

Lorsqu'on pollue sa belle eau claire

 

A l'écart des évènements

Des va-t'en guerre tout puissants

Qui font chaque soir l'actualité

Tellement m'en fous éperdument

Sans opinion, pas concerné

S'en doute en cause fatalité…

Solidarité fraternelle

Que de promesses à la pelle

En vérité, prudent lucide

Ces liens secrets plus guère solides

Alors j'avance où le vent me pousse

Sur mes chimères en pente douce

 

Ce que c'est bon de divaguer

Sur mes rêveries d'artiste damné

S'abstrait ainsi mon caractère

En voyageant sans arbitraire

Mais ça demande certain talent

De préserver ses sentiments

Des mauvaises langues de vipères

En n'éprouvant que du dédain

Pour ces dévoués concitoyens

Taillant le paletot de leur voisin

A ne plus croiser sur mon chemin…

 

Morte saison, le grand rangement

Le parasol, le barbecue

Ainsi de mon tempérament

Se refermant par tant de dégoût

Pour cette Terre peuplée de fous

Pris de la hauteur, récalcitrant

Plus être la proie de ces flatteurs

Petits bonhommes insignifiants

Légions d'horreur plus que d'honneur

Inquisiteurs procureurs

De l'Est à l'Ouest même ferveur

Cherchez l'erreur…c'est nous qu'on meurt

 

Par expérience, j'ai acquis

Une flemmarde philosophie

Me faire de la bile, passé l'âge

Plus jamais sage comme une image

Pas très causant, en ce qui me concerne

Sorte de Platon en ma caverne

Scrutant les murs, pour voir venir

Les amitiés nommées désir

Plus elles sont rares, plus elles sont chères

Ne vais pas casser ma tirelire

Aller prêcher dans les déserts

Ma bonne fortune, en devenir

 

Rejoignez-moi en cas de poisse

Pour effacer toutes les traces

Ce qui au profond vous tracasse

Afin ne plus perdre la face

Vous en conjure, brisez la glace !

Tirant un trait sur le passé

C'est même pourquoi, en fin d'été

Je marque soudain un coup d'arrêt

A ma tenace morosité

Que plus jamais on m'importune

Me déranger quand j'ai mes lunes

Dans la confusion de mes brumes

A votre tour, poursuivre l'histoire

Afin de vous apercevoir

Candides poètes sans le savoir

Prédestinés aux ombres du soir  JC Blanc mai 2020  (méthode Coué)

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