De l'essentiel se suffire

Jean Claude Blanc

à force d'être trompés, on se résigne à vivre en retrait; nos ambitions à la baisse, quant aux politiques plus rien à fiche...

                     De l'essentiel se suffire

De l'essentiel se suffire

Ration de survie pour s'aguerrir

Un lit, un toit, de quoi bouffer

Ça parait pas bien compliqué

Même si on n'est pas très friqué

Que demande le peuple résigné

Qu'un petit coin pour végéter

 

D'où l'importance d'avoir en pieu

Pour s'y replier hors circuit

Des gens heureux ou malheureux

Y évanouir nos soucis

 

Ultime refuge pour bien dormir

Nécessité de s'y blottir

Un domicile, un chez soi

Juste une adresse pour faire foi

Que l'on s'y planque comme des rats

 

Elémentaire banale remise

Dispositif qui s'autorise

La vie privée, la nudité

Espace gardé fermé à clef

Juste un moment avoir la paix

 

« Home sweet home », rêve profitable

Tant notre coeur est vulnérable

En se plongeant dans le sommeil

L'esprit tranquille se met en veille

 

Au-delà des riches décorums

Et des repas gastronomiques

Entre 4 murs, plus voir personne

Gîte sans bruit, pourquoi se faire flic…

 

En cette époque plus très sûre

Repli sur soi bien obligé

Pour pas en prendre plein figure

De ce monde sauvage, dégénéré

 

Réduits à ne pas fréquenter

Les sombres lumières du progrès

Ne plus sortir, c'est pas plus mal

L'humanité pas un régal

 

Ne voulant pas prendre des coups

D'une société qui devient folle

Trop de ragots, trop de jaloux

Mieux vaut planquer en notre sous-sol

Pour s'orienter qu'à la boussole

Strict minimum, plus qu'assez

Pour pas se faire dilapider

Les poches vides, retournées

Aucune valeur, rien à voler

 

Ce qui nous reste bien plus cher

Ne risque pas d'être pillé

Notre dignité d'hommes solidaires

Dont on ne fait pas publicité

 

Cette étrange absence à nous-mêmes

Pendant qu'on dort les poings fermés

Nous débarrasse de nos problèmes

Qui tôt le matin reviennent bouder

 

Chanceux hasard d'être français

Par ma naissance, identifié

Non pas un choix délibéré

Venu sur Terre, plein de lauriers

 

Alors que l'Europe organise

Honteux accueil pour les migrants

Son code d'inhospitalité

Elle l'applique avec méprise

S'empressant vite les évacuer

 

Dans mon 2 pièces je m'y retire

Pour pas subir le martyr

Même si mon âme en pâti

De solitude, en léthargie

 

Pauvre citoyen (excuse facile)

Histoire ne pas se faire de bile

Peut pas sauver le monde entier

Lui qui se vautre devant sa télé

 

En se confinant dans l'ignorance

Se facilite l'existence

Porte sa croix, tout un chacun

Laissant sa part à ses voisins

 

Pas s'étonner qu'on se déteste

Ayant subi tant de revers

En voulant être trop sincères

Recevant chez nous, de traitres pestes

Qui viennent polluer notre atmosphère

 

Alors pourquoi participer

A ce manège enchanté

Sage retraité a tout pigé

Sur les misères tire un trait

Ces quelque vers inspirés

De Darrieussecq, femme de lettres

Qui se lamente de cette idée

Dont on se fait de l'inconnu

Frileux, le sommes devenus

Grâce aux médias toujours en quête

D'une nouvelle, qui nous alerte

 

Si bien qu'un toit, un lit, une soupe

On s'y résout, sans aucun doute

Nous y invite l'Etat zélé

Qu'ouvrir notre gueule que pour voter

On a fini par nous convaincre

Que c'est notre faute, ce qui arrive

Le mauvais temps, chômage, la crise

Ainsi en nous règne la crainte

 

Plus de bordées entre copains

Pour boire un coup au bar du coin

Les rues sont pleines d'étrangers

Qui parlent même pas français…

 

Plus on avance, plus on recule

On frôle même le ridicule

Tellement on tremble, pauvres chochottes

Pour ce qu'est bizarre, sommes pas bons hôtes

Ce qu'est pas notre genre, d'une autre race

Il faut qu'on s'en tienne à l'écart

Sait-on jamais, racaille vorace

Pourrait nous rentrer dans le lard

 

De plus en plus, se rapetisse

Notre cerveau et ses valeurs

Doit se soumettre à tous ses vices

Qui le gangrènent de l'intérieur

 

Le principal ainsi sauvé

Notre propre liberté de penser

Qu'on se réserve en grands secrets

Sacré Narcisse, pète la santé

  

Du superflu, on doit se priver

Déjà bien beau, la charité

On boit, on mange, comme du bétail

Même on roupille, sur la paille

Dans une étable on va crécher

Pas une brimade, ni une offense

Même au contraire, unique chance

Considérés comme simples sujets

Qu'on n'ose pas aller sonder

Sur le sort futur de l'Elysée       JC Blanc novembre 2016  (réflexion)

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