Début de journée

aile68

Regarder les boutons de fleurs trembler dehors au bout de leur branche. Dans une autre vie j'ai dû être un arbre lourd, une fleur gracile, fragile, j'ai dû vivre à ciel ouvert, tous les jours à l'extérieur, sous le vent, la pluie, le soleil. Je sens comme une sève couler en moi, c'est mon amour pour la nature que je ressens, comme les paysans j'attends le printemps pour enfin m'occuper d'une terre que l'hiver a refroidie et durcie. Je ne suis plus sûre de ma force, de ma vigueur, je les revigore en regardant par la fenêtre le spectacle de la rue et des voitures qui voudraient rouler comme de vrais bolides. Le tram qui défile telle une chenille sous mes yeux rythme le temps qui passe, le programme de ma journée.

J'ai vu la lune à travers la brume ce matin. Elle avait quelque chose de magique et d'hypnotisant pour peu que j'attardais mon regard sur elle. Je l'ai vue disparaître d'un ciel grisâtre derrière un épais ciel cotonneux tandis qu'un pâle soleil tentait de percer ce dernier. Mais le sifflement de la cafetière me ramène à d'autres brumes, celles d'un sommeil encore latent que mon réveil matin n'a pas réussi à déchirer. La violence de ce terme me détourne de ma rêverie et des spectacles de la rue et du ciel qui se fondent l'un dans l'autre telles les couleurs d'une aquarelle qui éternise ce début de journée.


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