Demain.

poulpita

Tout ça, c'est de la faute à N. Et de sa chinerie numérique. Sa trouvaille. Sa musique. Le retour aux 80's direct, sans préliminaire.

J'écoutais si souvent ce morceau. Avec ou sans disque. Dans ma tête en silence. Si souvent. Je connaissais chaque note, un temple, un papier à musique sacré, immuable. Et là. Bam. Une interprétation à côté. Plus légère. Un papier de cuivre, de peau tendue, de lino. Chaque note a sa place, revisitée. Et en même temps, la vision du LP. Sur mon étagère, cachée derrière la porte qui grinçait – avec son cintre qui tapait à chaque ouverture. Cette porte n'avait jamais su s'ouvrir en silence. Le disque. Version remasterisée. Confiée. J'étais la gardienne. Trésor stocké des mois, et des mois. Posé. Fin. Incliné mais pas trop. Pochette noir. Quelques pointes fantaisistes de couleur. Pouillème de pourpre. Pixels bleus. Chef de file de mes livres de bac français, de mes lectures tristes et sages. Ce disque. Ramené d'un temps multiple. Concentré de tout. Caravane, charrette, brouette et tribu. Moulon de gosses, et de styles. Des pères à gauche, des mères à droite. Le temps de la boue et des patins. Du corps habité petit à petit. Chaque instant, une cathédrale, un clin d'œil. Les matins merveilles. Du rêve, de l'insouciance, des essais-loupés. Comme aujourd'hui.

De cette pochette noire à ces notes transformées. Entre hier et aujourd'hui. Des pointillés. Des dizaines d'années, des milliards d'autres notes, des centaines de gens, des dizaines de maisons. Et demain. Une autre. Des autres. Sans se lasser. Parceque chaque jour a sa chance. Chaque jour est un présent. Infini. Parce que demain est si loin.

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