Derrière nos écrans

Délire du 16/10/2017

L'écran sur son trône se rit de moi,

La bannière bleue qui cache les mensonges,

Le petit oiseau lui ne sait pas chanter,

L'électronique aura tué mes songes.

Et l'ordina-tueur,

La vie ell'életronique,

Nos cœurs en numérique

Accordent leurs rancœurs…

Partout les bébés sourient,

Et des palmiers condescendants

Aux provocantes robes blanches,

Chacun veut prouver ou exposer,

Chacun veut démontrer et affirmer,

Combien sa vie est profondeur,

Mais moi, souvent, je crois,

Mais moi,

Ça m'donne des hauts-le-cœur.

Internet ô dis-moi,

Dis-moi, oui, dis-moi tout,

Et sous nos mots de passe...

...L'estime qui trépasse.

Narcisse tu n'as rien inventé,

Et tu aurais sans doute aimé

Cette époque où c'est

Chacun pour soi

Ou dans son coin,

Ces photos qu'on balance,

Le corps est transcendance,

Caméra qui s'enclenche,

A poil on se déhanche...

Les selfies pleuvent,

Sous le cloud enneigé,

Ta vie en quelques clics

D'une souris robotique,

C'est à qui fera le buzz,

Affolant les compteurs,

C'est à qui gagnera ces clics

Qui me donnent le vertige.

On se livre bataille, là,

Tous englués dans la même toile…

…D'une araignée qui s'en régale.

Au fond, nous n'avons jamais été aussi nombreux,

Mais nous n'avons cependant… jamais été aussi seuls.

Dans les ruelles chacun fixe l'écran,

Aveugle au reste, le dos vouté,

Dis-moi combien de j'aime

Approuvent mon profil,

De cœurs sous mes photos,

Qui cependant sonnent faux…

Oh, petit internaute,

Regarde mon avatar,

Sans filtres, mon regard,

Se fermer pour ne plus voir,

Et déconnecter, parfois,

J'en ai tant besoin… je crois,

M'enfuir à la folie,

De vos jolies histoires,

De vos vies illusoires,

Car ce n'est pas sur un écran

C'est le moment présent,

C'est en chair et en os,

C'est de voix en voix,

Les yeux dans les yeux et,

Et…

…. Pourtant je vais cliquer,

Balancer là mes pensées,

Malade du même fléau,

Ma gorge se serre et mes mots,

Viendront se greffer à nos oublis,

Car non, pas de Paradis Virtuel,

Oui, à la fin, on sera toujours seuls.