Le mal de Mer

redstars


C'est comme une sorte de mal de mer, de vertige désagréable. C'est comme si l'on m'avait arraché le cœur en haut d'une pyramide. Je sens le sang onduler sous mes poignets, je le sens dégouliner le long de mon corps. Je suis projetée d'une émotion à une autre, sans avoir le temps de reprendre mon souffle. Je valdingue dans mon petit univers sans nuances, sans milieu, sans repères. Je me contracte sur moi-même, je me sens rétrécir, ne devenir qu'une petite bille dans une cour de récréation d'antan. Mais sans reflets ni couleurs. Grise. Ca ne tourne pas rond dans ma tête de linotte, ça tourne dans tous les sens. Je pense trop, à trop de choses, et en même temps, au point que ça ne veut plus rien dire, à la fin. J'angoisse et m'enthousiasme, j'ai peur et envie, tout s'entremêle, je ne vois plus rien. Les incertitudes grouillent en moi, et je remets tout en question. Comme souvent. Comme toujours. Je voudrais déposer mon corps sur une plage désertique, sans plus personne, et l'océan violent qui viendrait me grignoter les pieds. Je voudrais y rester allongée, carcasse, sans plus réfléchir ni penser. Je voudrais que tu me prennes dans tes bras, que tu me dises que je ne suis pas toute seule, et que les choses vont aller bien, surtout. Je cours sous l'averse, je danse sous les éclairs, peut-être bien que la foudre me tombera dessus, peut-être bien que je vais me noyer demain, force d'avaler les gouttes de pluie et les flocons. J'ai envie d'écrire à perdre haleine, si seulement ça servait à quelque chose. Cracher, vomir, extérioriser. Jeter là les mots, les maux, jeter là ce qui brûle au fond. Je voudrais m'enfuir, et ne pas me retourner. Partir loin, n'importe où, tout laisser derrière moi comme de la poussière de fée. Mélanger remords et regrets, m'accorder le droit de m'être trompée. Aller au large, le corps dans l'eau salée, avancer vers l'horizon. Perdre pied, dans une mer épaisse et noire qui ne ferait de moi qu'une bouchée. Oui, je crois que c'est quelque chose comme ça. Comme un mal de mer, de vertige désagréable. Le vent souffle et ravage mes châteaux de cartes. J'avais mis tant de temps à les construire, doucement, avec minutie. Il y a toujours une bourrasque… il y en aura toujours, car rien n'est acquis et tout redeviendra poussière, de toute façon.


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