Désir - Saison 1

poulpita

Le désir de l'autre. Un cadeau. Est-il réel ? Est-il solide ? Est-il poison ? Est-ce vraiment pour moi ? Refuse-t-on un cadeau ? Ce désir. Donnez m'en quelques preuves. Que l'hypothèse du hasard, du quiproquo soit écartée. Un  désir vrai, qui pointe.

Oui, car. Le désir a cela de merveilleusement terrible et de terriblement merveilleux. Il prend mille formes. Il se travestit.

Il se fait inatteignable pour mieux harponner.

Ou il convoque les fanfares, sans raison, au moindre geste.

Il tourne-boule, maladroit, ne mesure sa force.

Il est pâlot. Et maladif. C'est pas de sa faute.

Et ce désir plat, insipide. Qui n'est qu'une ligne, une transparence. Sans choix. C'est ça ou rien. Entrée, plat, dessert, sortie, mélasse. Tout en un.

Ceux-là font illusion, par nuit sombre et épaisse.

Mais surtout. Il peut être imposteur. Un semblant de désir. Faute de mieux. Le moindre effort. Le regard rivé sur la prochaine proie. Un désir la tête ailleurs. Un désir qui utilise. Qui s'installe, pille le garde-manger, vide les jarres, assèche, repart, crachant par terre, agacé de tant d'aridité.

Se protéger un peu, donc.

Mais. Ne rêvons pas. Qu'importe les formes de désir, étrangères les unes aux autres. Les désirs se télescopent, au ralenti. Ballet désordonné. Quadrille non répétée. On oublie son texte, son placement. On se croise et recroise. Avec tout le monde et personne. On regarde sa ligne, blanche, confiante. On attend la vague. Ou on joue les vigies - scruter, sélectionner, se lancer, revenir en haut de la colline, bis repetita.

Une fois sur mille. Ou un million. On ne sait pas. On ne calcule pas. Le désir rencontre l'envie. De l'autre côté du miroir. On attendait la gourmandise. On espérait. On le regardait du coin de l'œil. On ouvre les yeux. On sourit. Le bonheur. La rencontre. Un accident. Un heureux hasard. Si peu probable. Éphémère. Toutes les chances de s'évanouir plus vite qu'une libellule. Sauf. Si on y ajoute l'intention. L'intention de tenir. La quête de l'harmonie, de comprendre le paysage de l'autre. Fixer un volume, une intensité. Expérimenter. Donner, recevoir. A fond les ballons. Puis. A pas de fourmi. Porter la charge ici. Alléger là. Orteil cassé. Une fois, deux fois. C'est pas grave. On continue.

Jusqu'à ce que l'un des deux s'épuise. Sortie de secours, à pas de loup. Dans le respect. Laisser un mot d'adulte, un mot d'adieu.

Qu'apprend-on ? De cette rencontre, de ce mélange de rêves ? De ces temps assis sur le banc ou à danser, à deux. De cet essai, sans conclusion.

Qu'apprend-on ?

Rien. Tout est à refaire. S'en remettre au hasard. Indéfiniment. Recommencer. Naïvement. Comme une débutante. Pour ne point tuer le désir qui viendra. Le prochain. Faux ou vrai. On s'en fout. Pourvu que son propre désir se déploie, et que l'envie ne meurt pas.

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