Deux

Christian Lemoine

Cela. Que se renvoient en écho les murs grisés de leur propres émanations de béton frais. Cela. Que maugréent de concert les calandres crispées, sourire ou grimace, des carcasses froides, la force des brutes sans foi. Cela. Aussi ; que clament les aboiements des moteurs, les interpellations inciviles des avertisseurs, dans les nœuds et les chaînes, quand le mouvement se fige. Cela. Encore ; que psalmodient les serpents rigides couchés dans les artères, leurs sifflements si discrets mais si distincts, que rien ne peut en échapper à qui se sait moqué. Tout cela. Et des projets parfois sans espoir, des envies sans fondement, des rêves sans fin qui ne sachent pas l’interstice vers leur fête. Cela. Que vantent les chantres des départs pour qui le gué se fait sage et pratique. Ils sont deux pour traverser.
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