Dis- qu'est-ce que l'amour?
koya-al-gaad
Alors, posons cette fameuse question :
Mais qu'est-ce que l'amour?
Tant de personnes touchées par ce sentiment tentent de le définir, et ce depuis des siècles. Il est d'ailleurs intéressant de voir comme les théories, s'entassant depuis, peuvent parfois se compléter de façon parfaitement logique et cohérente. Offrant une définition plus large, donc plus précise, et touchant une plus grande quantité de cas particuliers! Pour essayer de cerner ses mystères, commençons d'abord par aborder les mots grecs qui désignent l'amour, ou plutôt les amours, pour ensuite les rattacher à différentes philosophies qui élargissent leur sens et peuvent les définir.
Nous aurons donc Eros, tout d'abord. Dieu de l'amour, et non pas de la sexualité comme les mots érotique, érogène... peuvent le laisser penser. Le désir de l'objet extérieur, inconnu. Cet amour. Pour le développer, nous pouvons commencer par nous pencher sur la vision qu'en a eu Platon dans le dialogue "Le Banquet". Le philosophe oppose sept conceptions du sentiment dont deux ressortent nettement, volontairement, ayant donc été retenues plus communément : celle d'Aristophane, et celle de Socrate.
Du personnage d'Aristophane vient cette description familière que beaucoup reconnaîtront : l'histoire poétique d'êtres primordiaux, qui eurent quatre bras, quatre jambes, deux visages, deux sexes. Ces êtres tentèrent de monter aux cieux, pour venir aux Dieux et les défier. N'ayant pas réussi à les chasser par la foudre, Zeus les aurait donc punis en les séparant en deux moitiés, les empêchant ainsi de grimper à nouveau au ciel! Depuis, chacun recherche sa moitié perdue suite à ce châtiment divin, se sentant comme amputé d'une chose dont il n'a plus conscience.
Seulement, connaissant cette histoire, on ne connaît pas forcément celle qui lie Socrate, Aristophane et Platon. Jamais Platon n'aurait mis en la bouche d'Aristophane une définition qu'il jugeait vraie, même il aurait tendu vers un choix contraire, simplement car Aristophane eu commis, aux yeux du philosophe, le plus grand des sacrilèges : du vivant de Socrate, le poète écrivit une satyre du maître. Socrate ayant été jeté en prison et tué par la suite, le railler n'avait pu qu'attirer l'attention sur lui, et donc contribuer d'une manière indirecte à la mort du modèle de Platon! Voilà ce que pensait le disciple. Ainsi, vous vous en doutez, cette vision de l'amour n'est pas la sienne.
Sa conception est courte, simple :
Amour = désir = manque. On aime ce que l'on désire, l'on désire ce dont on manque. Ainsi, quand on a ce que l'on désirait, il ne nous manque plus, et nous ne l'aimons plus. Cela revient à dire qu'il n'est pas d'amour satisfait.
"Mais, que fait-t-il des amours heureux, justement?" Direz-vous! Eh bien, tout bonnement, ceci n'est qu'une définition de frustration du sentiment passionné. Cette définition d'Eros, amour de l'objet extérieur et inconnu, il serait intéressant de la compléter avec la vision de Spinoza : la joie d'approcher le sujet de ce sentiment, et le désir, la puissance d'en jouir. Ainsi, voilà qui nous rassure! Eros n'est pas que frustration, manque et insatisfaction... il est aussi une manière de s'ouvrir à l'extérieur. Car, bien sûr, cet Eros que l'on pourrait traduire par passion, n'est pas qu'amour de couple.
Ensuite, vient le mot Philia. Lui possède un sens bien plus profond, mais aussi bien plus circonscrit. Cet amour est l'état de plénitude, d'amour peut-t-on donc dire, dans lequel l'on est lorsque nous sommes satisfaits de ce qui est. C'est un état lié à l'extérieur mais ne visant pas particulièrement l'inconnu, qui n'est pas aspiration mais simple contentement.
Dans l'exemple d'un couple, la période de séduction et de prise de connaissance est liée à Eros, donc à l'objet extérieur inconnu. La phase où l'on apprécie ce qui est, sans projection vers une situation autre, est Philia. Pour la plupart des gens cela advient lorsque le couple se forme, se met à exister. Bien-sûr, ces amours peuvent s'appliquer à toute chose sans absolument aucune exception.
Enfin vient le mot Agapè, qui est l'amour de Dieu. Celui-ci concerne le Un, l'Unité, la totalité. C'est l'Amour transcendantal permettant de voir le lien entre toutes choses, d'être émerveillé par la mécanique de chaque instant. Il n'est pas seule satisfaction, mais passion de tout, flamme éternelle, immortelle, qui donne sens à chaque aspect de la vie. Il est celui qui transforme Eros en simple passerelle vers Philia, en n'importe quelle circonstance.
Cet Amour permet d'organiser naturellement chaque part de son être pour atteindre l'harmonie, et la constance qui se nourrit de particularité. Il permet de pouvoir poser son regard sur chaque sujet, de ne plus fermer les yeux sur la diversité et la manière dont chaque spécificité de ce monde peut être liée aux autres. Il nous fait entier, là où le personnage d'Aristophane était persuadé qu'il fallait être deux pour redevenir un.
C'est vrai que l'on aime ce que l'on désire...après, c'est différent...
· Il y a environ 7 ans ·Merci pour ce texte très intéressant !
Louve
Oui tellement différent. Heureusement qu'il n'est pas que cet amour
· Il y a environ 7 ans ·Trouvez le bonheur (Dieu ou pas, au fond on se fout de l'étiquette) de toute façon il est au fond de nous
Bien à vous
Andréa
koya-al-gaad
Et pourquoi l'amour nous blesse? Je me suis toujours demandé ça. J'aimerais aimer comme vous le décrivez bravo.
· Il y a environ 7 ans ·Amélie Gandelle
Parce que vous manquez de quelque chose, mais cette chose n'est pas amant :) lisez au fond de vous, et vous aimerez tout de cette même façon
· Il y a environ 7 ans ·Bien à vous Amélie
Andréa
koya-al-gaad
Ainsi, si on atteint l'état d'Agapè il n'est plus d'amour malheureux. Mais cet amour de Dieu n'est pas la simple croyance, mais la réelle foi reçue par révélation. C'est de cela que vous parlez. J'espère sincèrement que personne lisant vos lignes ne pensera le contraire. On verra aux prochains commentaires! En tout cas, toujours une réflexion aussi bien menée, et surtout une constance dans votre message. Magnifique. Merci à vous.
· Il y a environ 7 ans ·Henri De Pusy
Oui mais il faudrait que n'importe qui puisse recevoir cette révélation... moi-même je n'y croyais pas, alors comment? J'ai l'impression cette route est très personnelle bien qu'universelle. Si chacun pouvait se rendre compte, recevoir cette lumière. Ce serait magique
· Il y a environ 7 ans ·Merci pour toutes vos lectures. Existe-t-il un endroit où l'on peut voir ce que vous écrivez?
Bien à vous
Andréa
koya-al-gaad
Magnifique démonstration d’érudit. Formidable ! Mais qu’a-t-on appris sur les processus de l’amour passionnel, sur ces mécanismes, si mécanismes existent ? Rien ! Bien sûr, nul définition scientifique pour expliciter la passion. Le terme d’âme-sœur n’a pas un sens qui parle aux sciences, donc l’homme s’invente des fables, des mythes, des Dieux pour lui parler de cela, il n’en fallait pas moins. Modestement, j’ai traité le sujet avec une autre approche, plus psychanalytique de l’osmose avec un autre égo. Excusez-moi de faire ma promotion, mais j’aurai aimé avoir votre avis sur ce texte qui s’appelle « (psycho) l’amour ». Car l’amour passionnel pour des êtres humains est avant tout une aventure psychique. Merci pour cet essai brillant.
· Il y a environ 7 ans ·Hervé Lénervé
C'est une précision importante à apporter à cette vision d'Eros, je suis d'accord avec vous. Je me permets de mettre le lien vers votre texte, si d'autres veulent aussi compléter :
· Il y a environ 7 ans ·http://welovewords.com/documents/psycho-lamour
Et surtout oui, on ne pourra jamais réellement expliquer un grand nombre des choses qui interviennent dans notre existence. Simplement par le fait de les décrire, qui est déjà trop limitatif pour nous aider à les comprendre.
Merci bien, pour votre passage, et votre intervention.
Bien à vous
Andréa
koya-al-gaad
C’est moi qui vous remercie d’être passée me lire. Merci Andréa.
· Il y a environ 7 ans ·Hervé Lénervé
Voilà pourquoi tant de gens, souvent sans avoir conscience de la réflexion que vous faites ici, optent pour l'amour divin, strictement spirituel et non charnel même s'il inclut un certain don de soi, nous pourrions aussi l'appeler l'amour vertical dans le sens où dieu, bien que souvent dépeint comme étant partout, notamment dans notre coeur, est surtout représenté ds les cieux, vers quoi s'élève l'âme. Cet amour ci s'oppose, il est vrai à celui qui a lieu, et qui se fait, entre deux personnes, celui là , donc, horizontal (à l'exception de ceux qui font la prouesse de la faire aussi de façon verticale, mais ce n'est pas donné à tout le monde) est forcément sujet à des variations et dépend d'un autre sujet tout aussi imparfait que nous. Et comme vous le précisez ici, il a en plus la faiblesse de faire appel au désir ce sacré farceur, ce qui renforce d'autant plus les fluctuations autrement dit les aléas du couple. Du coup comme vous le soulignez parfaitement, l'harmonie est sûrement plus difficile à obtenir dans cet amour horizontal que dans l'amour vertical. Cependant, j'estime que l'harmonie, ici bas, n'est pas une utopie. Elle peut s'acquérir, à tout le moins momentanément, en travaillant dur avec le(s) partenaire adéquat en cultivant des valeurs profondes, naturelles et tangibles qui se nourrissent du for intérieur. Ce sont des valeurs sourdes aux sirènes des idéologies tape à l'œil sans fondation, consistance ni lendemain. Sa forme la plus aboutie est l'harmonie musicale que Bach nous offrit voilà 3 siècles. Mais combien de chances avons nous pour trouver cet autre avec qui réaliser cela sur terre? Très peu, je le confesse. Voilà pourquoi nous avons la sensation de ne voir autour de nous que des partenariats en guise de couples et non pas d'osmose amoureuse: trop dur,trop incertain, trop périlleux, nulle part enseigné, à l'encontre d'une société harmonieusement....numérisée. Mission impossible ou presque, j'ai décidé de la tenter, voilà 3 décénnies. Je n'ai réussi, jusqu'ici, qu'à obtenir quelques bribes, quelques balbutiements, quelques moments qui s'en approchent, arrachés à l'absurde, à l'incrédulité de tous. Mais je continuerai car il n'y a rien de plus beau, car il y avait, justement, quelque chose de divin.
· Il y a environ 7 ans ·Merci pour votre réflexion.
enzogrimaldi7
Que Philia vous porte encore deux treitaines d'années comme celle-ci! C'est le meilleur souhait que je pourrais avoir pour vous (peu importe les chiffres mais ce pont magnifique avec la beauté de l'Amour)
· Il y a environ 7 ans ·L'émerveillement dans les yeux... c'est si lumineux à voir. Quand on ne veut pas changer les choses et que l'on sait en profiter, on ne peut que souhaiter que ça dure. Mais bizarrement je sens que cet état est bien durable... car c'est une porte qui s'ouvre! Bien que je conçois que cette divinité dans l'amour de couple ne soit pas offerte à tout le monde (Eros vertical... malheureusement!)
Le vélo aide à muscler les cuisses?
Une nouvelle fois merci pour votre vision toujours étoffée et sincère, agréable à recevoir.
Amicalement
koya-al-gaad
Ça me laisse... La bouche ouverte :0 ça à l'air tellement logique! Pourquoi on se prend la tête??
· Il y a environ 7 ans ·Bravo pour votre texte, il est très clair
libertyi
Parce qu'on aime réfléchir souvent ^^ voyez, je me la prends bien aussi, la tête. Mais par contre, j'Aime ça ahah
· Il y a environ 7 ans ·Merci pour vos visites régulières, bien à vous
Andréa
koya-al-gaad