Disparue (35)

Tous les quatre traversèrent des bureaux en enfilade. Clément, décontracté et souriant, lançait des " bonjour " à la cantonade.

A la réception, les trois policiers de faction le saluèrent. Parmi eux, un visage connu depuis peu, fit tressaillir Héloïse. C'était le fonctionnaire, si sympathique, qui les avait amenées au poste et à qui elle s'était confiée. Lorsque son regard croisa, l'espace de quelques secondes, le regard si clair, elle s'efforça de lui faire passer son message de détresse. Elle eût juste le temps d'apercevoir l'interrogation pointer dans les yeux de l'homme.

- Je raccompagne ces dames à l'hôpital, elles ont encore bien besoin de se reposer, confia, désinvolte, le commissaire.

Lorsqu'ils arrivèrent à sa voiture personnelle, Clément ordonna à Héloïse de prendre le volant et à Anna et Alicia, de s'asseoir sur la banquette arrière. Assis sur le siège passager, appuyé à la portière, il pouvait ainsi avoir l'œil sur ses proies.

S'adressant à la conductrice :

- Nous allons sortir de Bordeaux, attention vous faîtes ce que je vous dicte, pas d'embrouilles !

Peu à peu, les hautes maisons si sévères laissèrent place à de coquets pavillons. Ils étaient arrivés dans la proche banlieue de la ville. A un carrefour, ils s'arrêtèrent pour laisser le passage. Héloïse vit alors arriver un véhicule de police. En une fraction de seconde, sa décision fut prise. Elle grilla la priorité et au lieu de tourner normalement, elle accéléra brutalement. Les pneus crissèrent et mordirent le talus du rond-point. Aussitôt des sirènes hurlèrent.

- Sale garce ! hurla Clément, tu vas me le payer !

Ils avaient à présent la police à leurs trousses, c'était presque gagné.

La petite route de campagne qui s'offrait à eux était parsemée d'embûches : bosses, nids de poule. A tout moment, vu la vitesse excessive, le véhicule pouvait basculer dans le fossé qui la bordait. De chaque côté, les arbres aux troncs massifs, semblaient vouloir couper leur course folle. 

Héloïse, après quelques kilomètres, menés tambour battant, jugea qu'elle en avait assez fait pour exaspérer les forces de l'ordre. Elle ralentit alors avec l'intention de s'arrêter tranquillement sur le bas-côté.

- Que fais-tu ? hurla le boss, continue à rouler, je t'indiquerai la route à suivre. Sur ce, il braqua son arme sur la tempe d'Héloïse, mais celle-ci, malgré les cris d' Anna et d'Alicia, ne se démonta pas :

-Vous êtes fichu, Clément, ça vous avancerait à quoi de me descendre !

Dans un sursaut de haine et de rage, l'homme agrippa alors le volant et le tourna brutalement vers la gauche.

Quand la voiture bascula dans le fossé assez profond à cet endroit, et roula sur elle-même en deux magnifiques tonneaux, ce ne fut plus que cris perçants dans l'habitacle...