Diving #2

camishka

Les cinquième et sixième jours, j'ai presque réussi à me distraire complètement. Je n'ai pas eu beaucoup de moments où j'étais seule pour commencer, c'est sans doute pour cela que je suis parvenue à oublier ma condition. Je me suis aussi aperçue que les jeux vidéo parvenaient à accaparer suffisamment mon attention et mes sens pour que je puisse oublier l'espace d'une heure ou deux. Oublier ce vide qui m'emplit. Oublier les larmes qui affluent derrière mes paupières closes. Oublier la pénombre qui grignote mes pensées. Et puis des amis m'ont fait sortir. Ce n'était pas une mauvaise idée en elle-même. Le but était simple : se saouler et danser jusqu'à ce que nos jambes ne nous portent plus. Rien de très noble je vous l'accorde. Mais cela se présentait comme une nouvelle tentative désespérée de me changer les idées.

 

Bilan des courses : j'ai bu (beaucoup) sans que cela ne me fasse un quelconque effet et j'ai dansé jusqu'à ce que mes pieds me brûlent. Et je me suis aperçue que depuis quelques temps, j'évoluais en marge de moi-même. Sans être schizophrène, j'ai l'impression de ne pas vivre ma vie mais que je me regarde. Comme si je regardais par la fenêtre de ma maison et qu'une inconnue qui me ressemble vivait ma vie à ma place. Et ce que je vois m'effraie. Je ne saurais expliquer le pourquoi du comment de cette sensation décalée, mais il en est ainsi.

 

Après ce week-end, une nouvelle semaine a donc commencé, renforçant ce sentiment de solitude qui m'accompagne à chaque pas, comme une ombre menaçante. Peu à peu je deviens léthargique, je ne suis plus qu'un corps qui dort, qui boit, qui mange… Je suis vide. Je n'existe plus. Je suis vide d'émotion, de ressenti. Je suis comme enveloppée dans du coton. Sauf que je ne suis pas tout à fait vide… Subsistent la colère et la douleur. Colère contre moi-même. Douleur de mon âme divisée. Je suis en colère contre tout et tout le monde. Cette colère est tapie dans les tréfonds abyssaux de mon âme, attendant son heure pour me faire imploser.

Signaler ce texte