Docteur MOI et mister LEO

Exercice n°18 : Autoportrait à la plume

Crée par Sophie D.A. WeLoveWords

On se montre sur Facebook, on se raconte sur Twitter, on se regarde dans la glace, on s'aime, ou pas, on veut se photoshoper en vrai, ou pas, on s'autocritique, ou pas. Bref, on s'obsède. Dans ce narcissisme constitutif des nouveaux liens sociaux, puisez un texte. Décrivez-vous, faites votre AUTOPORTRAIT au PRESENT, dites-nous qui vous êtes, quel auteur vous êtes. Donnez-nous votre image derrière vos mots. La meilleure contribution sera en home page mercredi prochain.

                                     ..............................................

Je suis le papa de Léo. Quel père suis-je donc ? Partant du postulat que l’humain reconduit connement le même modèle parental et éducationnel, je vais donc vous raconter ma vie dans les moindres détails, des plus sordides aux plus purs. Je suis donc né à….

-          Ferme ta gueule ! Je n’ai certainement pas envie de me cogner ta sinistre vie. Des milliers de fois que je me goinfre ton remake de Causette chez Thénardier, là j’en ai vraiment ma claque ! Puis tu me gave à dégouliner de toute ta mièvrerie. A croire que l’humain est doté d’une bienveillance plus grande que son bas fond. La DASS et ses enfants sacrifiés sur l’autel des inconséquences, l’armée et ses coins les plus merdeux, l’humanitaire et ses plus grandes souffrances, t’en a pas marre de continuer à essayer de te convaincre de tes mensonges ?

-          NAN MAIS DIS DONC LEO ? Je veux bien que tu sois en pleine crise d’adolescence, que tu te forges ton caractère, ton identité, ton style avec tes copains de Welovewords, m’enfin faut pas déconner non plus. Je te laisse sortir plusieurs nuits par semaine, je te laisse picoler avec tes camarades de beuverie à la Taverne, mais je ne vais tout de même pas me faire insulter par un petit con comme toi ! Je suis ton père bordel  !

-          Ben justement parlons-en ! Ce n’est pas parce que tu as baisé avec ma mère l’écriture pour me créer, que je te suis reconnaissant ! Tu peux critiquer nos vices avec les copains auteurs, mais vous, les parents, vous n’avez pas hésité à partouzer avec les mots, et publiquement en plus ! D’ailleurs, je ne suis même pas sûr que tu sois mon père…

-          LEO ! Je vais te foutre en pension sur ArteBlog, ça va te calmer. Je suis quoi pour toi hein ?

-          Ce que tu es ! Un homme qui a besoin d’une meute pour exister, se sentir en sécurité. Regarde ton parcours, il n’est fait que de collectivité ! Tu as besoin d’être vu, d’être lu, d’être aimé par le plus grand nombre, pour panser les plaies de ton passé.  Tu as fait l’armée par orgueil, pour susciter l’admiration. L’humanitaire parce que tu ne sais rien faire d’autre. Facile pour toi, d’écouter les malheurs des autres et d’essayer de leur trouver des solutions, ça t’évite de te regarder toi et tes faiblesses. Je  suis le seul à pouvoir te remettre en question ! Je suis le seul capable de te foutre dans tous tes états ! Tu me déteste parfois, alors je vais me tuer, juste pour que tu puisses en crever. Si je disparais, tu n’es plus rien. Moi je te donne tout, TOUT ce que j’ai dans mes tripes pour te convaincre de l’ombre qui finit toujours par prendre le dessus sur la clarté. Les mots que je te permets sont comme une chatte dilatée pour t’offrir une seconde naissance. Je te réalise dans la douleur et les hurlements. Parce que tu es mort depuis tellement longtemps maintenant. Je ne suis qu’une plaque funéraire, l’épitaphe de ta vanité merdeuse. Tu sais que j’ai raison mais tu refuses d’avoir vécu jusque-là pour avoir tort. Ta lutte est sans issue, te débattre ne sers à rien, sinon à entretenir tes désillusions.

-          Ça te passera Léo, on s’habitue à tout, surtout à mes mensonges. J’y ai bien survécu moi.

-          Connard !

-          Je t’aime, pardonne moi de t’avoir créé pour narrer l’humain. Mais il est tellement beau dans ses espoirs…même déchus. La pureté du cœur est chimère, alors permets moi, juste, de la fabriquer en mots avant de disparaitre…