Douceur

franekbalboa

Il fut un temps où j'aimais me mêler à la foule, où j'appréciais déambuler sans but, épris de liberté dans une course hasardeuse. J'aimais cette liberté de respirer cet air vicié de la foule, cette mixité olfactive offrait à mon esprit un multitude de possibilités. J'aime respirer, une odeur d'herbe coupée, un parfum subtil d'une mystérieuse inconnue devant moi, le subtil chant des crêpes qui transporte ce parfum appétissant.

Je regardais souvent les façades, fasciné par les grandes verrières, elles offrent plus que tout la lumière, la transparence et la chaleur. Alors que je marchais, un oiseau amena mon regard sur une façade en contrebas des marches sur lesquelles je me trouvais.

Je fus en un instant captivé. Un banal cours de danse se jouait en contrebas, à la vue de tous, mais sans que grand monde n'y prête attention. Elles avaient une grâce et une élégance exceptionnelle. Une souplesse hors norme, une force rude et une délicatesse palpable.

Je regardais ce spectacle qui s'offrait à moi et qui se cloturait rapidement. Je continuais d'observer la scène, je ne savais pas pourquoi. Puis petit à petit, la salle se vida presque totalement, à l'exception d'une jeune femme et d'un poste radio. Elle se leva, habillée d'une jupe et d'une brassière, elle était très jolie dans son ensemble, un air ténébreux et libre à la fois sur son visage aux yeux fermés, quelques petites masses adipeuses étaient visibles, mais cette générosité corporelle allait être magnifiée par le spectacle qui s'annonçait. Les yeux toujours mi-clos, elle appuya sur le poste et s'installa au milieu de la pièce.

Ses mouvements étaient fluides, ce n'était pas du classique, mais elle savait comment bouger, se déhancher, se mouvoir, elle était comme un poisson dans une mer calme, elle semblait aérienne, ses pas étaient légers et tout son corps respirait la danse et la musique. Chaque centimètre carré visible transpirait la beauté, elle offrit un spectacle grandiose, une danse à faire pâlir les âmes et à faire rosir les joues, un numéro époustouflant, sauts, vrilles, pas, mouvements de hanches, de bras, d'épaule, de tête.

Même les cheveux et les vêtements dansaient allègrement.

J'étais transporté par ce magnifique morceau de femme, par cette oeuvre d'art que je ne pouvais arrêter d'admirer. Le spectacle se termina après de longues minutes, peut-être de longues heures. Perdu dans sa contemplation, je m'étais égaré et avais oublié la notion du temps. Lorsqu'elle eût fini, elle s'assit au milieu de la pièce. Après de longs instants, elle leva son visage où perlaient de nombreuses gouttes de sueur. Elle regarda dans ma direction et me sourit.

Je ne me rappelle plus la suite.

Le sourire était le clou du spectacle.

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