Du vent...

Jean Claude Blanc

me retire de la scène...

                                    Du vent

Allez, ouste du vent, dehors ces guignols

Qui se font de la pub gratos, chacun à tour de rôle

Font sa fête au boulot, trouvant sûrement ça drôle

En ces temps d'élections, ils n'ont vraiment pas de bol

 

Sombre mois du muguet, en avance cette année

Fiévreux ce premier mai, ça risque de chauffer

Bonne occasion le peuple, va bien défouler

Mais se grattant le front… pour qui il faut voter

Certains n'en seront pas, vont vite se défiler

La plupart bons princes mais pas pigeons ramiers

Ont marre se faire avoir, par ces élus zélés

Sachant les conséquences de leurs compromissions

Parlottes inutiles, syndicats et patrons

 

Le monde peut s'écrouler, moi-même je me tais

Ne donne mon avis que sur l'humeur du temps

Ça tombe à point nommé, compte mes amitiés

Les vrais, les plus fidèles, mes voisins impotents

 

Qu'on me foute la paix sur mes montagnes austères

Où résident mes potes d'infortune paysans

Soi-disant ignorants, incultes, réactionnaires

Se moquent de ces mots savants, tellement clairvoyants

Pas besoin leur demander, où est leur intérêt

Eux qui se crèvent la paillasse, pour un arpent de blé

Auvergnats purs et durs, fiers et misanthropes

Mal payés en retour n'espèrent plus rien de l'Europe

 

Ne veulent plus agacer, les sages pudibonds

Conseilleurs désoeuvrés, qui ont même le cran

Eclairer leur lanterne, avoir une opinion

Les prendre pour des cons, se marrent évidemment

Connaissant la leçon, de ces nobles suffisants

 

Franchouillard me présente, exhaussant le plaisir

De ceux qu'ont la dent dure, sous leur air innocent

Rustre et mal élevé, de leur monde me retire

Me tire de ces chapelles, où on nous vend que du vent

 

Mieux vaut me consacrer, à écrire des fables

Minables et grossières pour ces esprits puissants

N'y a guère de chance qu'ils me tombent sur le râble

N'y jettent à l'improviste qu'un œil condescendant

Fier de mes fameux textes, me les garde en dedans

 

Repenti de mes crimes que d'avoir chahuté

Ces âmes si sensibles, de curetons défroqués

Que j'ai osé vexer, se vengent méchamment

Découvrent leur vrai visage, en piquant leur coup de sang

Bien mal m'en a pris, défendre les insoumis

Dupont et compagnie, bonne nuit les petits

Alors c'est le grand cri chez les moutons bêlants

Voulant me convertir en humaniste gentil

Qu'artiste libertaire, navré pas de leur camp

 

N'abonde que de pitreries, n'en cherchez pas le sens

Hélas pour mon malheur trouvent ça indécent

Toujours les mêmes d'ailleurs, les fumeux puits de science

Leur pompeux jugement, m'en balance gaiement

 

Je me suis aperçu au cours de mes vers solitaires

Que manquent de tempérance ces dévots intrigants

Soudain autoritaires et même réfractaires

A mes légers pensums, issus de mon cerveau lent

Me promettent ces laïcs, tous les feux de l'enfer

 

S'ils s'intéressent tant à moi, c'est signe que ça agresse

Leur petit cœur d'enfant de premiers communiants

Ne peuvent plus se mentir, tellement ils rêvent d'ivresse

Alors je les invite, cyniques indépendants

Bouffons de la société, comme moi, désopilants

 

Mais d'être dans le ton, la plupart s'y astreignent

C'est leur tempérament, d'avoir le cœur qui saigne

Tellement vite arrivée, une faute de langage

Aussitôt condamnés, par les sages qui règnent

Car noblesse oblige, faut pas leur faire ombrage

 

Ce que je décris ici, que la réalité

Se cacher le visage en ce monde violent

C'est plus que consternant, ça montre la lâcheté

De ceux qui restent figés sur leurs idées d'antan

Grenouilles de bénitier, s'illustrent au Parlement

 

Préjugés vont bon train, dans le genre « french cancan »

Sans avoir vérifié ce qui est fascinant

Ne pas s'accaparer, ce qui parait tordant

Girouette affolée, sait plus d'où vient le vent

 

Se ravivent les rumeurs lorsqu'il est question

D'élire un potentat, chacun est prétendant

De Gauche ou bien de Droite, alternance de morpions

Cette bise qui nous mord, c'est pas « mistral gagnant »

 

A peine aborde-t-on, tous ces sujets qui fâchent

S'insurgent les culs bénis brandissant leur serment

Celui des Droits de l'Homme, qu'on rabâche sans relâche

Pénitents malgré nous, toujours nous prosternant

Devant la cruauté des ignobles tyrans

Conscience qui nous perdra, nous rendant pauvres lâches

Aussi n'est plus possible en nos repas de famille

Evoquer le souverainisme, de suite jugé raciste

Alors que partisans, y'a rien de plus urgent

D'une France à rebâtir, où la misère fourmille

Mais ça ne se fait pas, ça manque d'entregent

Entre gens civilisés, qu'habitent les beaux quartiers

On préfère prendre le thé, avec les mondialistes

 

Tombe bien ce 1er mai, on ne va pas chômer

En cette veillée d'armes, se préparent les militants

Les uns par habitude, les autres pour des prunes

Comme il fait mauvais temps, ce sera que du flan

Dépasse encore les bornes, tant mon esprit s'embrume

On va me faire les cornes, pauvres types insolent

De surcroit me couvrir de goudron et de plumes

 

Foutaise société qui regarde en arrière

Afin de s'éviter le retour des guerres

Bouc émissaire l'Europe, qui se veut sans frontières

Ce qu'elle nous coûte cher, cette union monétaire

 

Le mignon candidat, pas si candide que ça

Ce qu'il ne ferait pas pour recueillir des voix

Visite les cimetières, avec la mine triste

Honore les déportés, évoquant les fascistes

(Sous-entendu Marine, la réac de service)

C'est comme fait exprès, au moment où font listes

Auprès des électeurs, les partis populistes

C'est pas comme ça hélas qu'on chasse ces sales bêtes

On les fout à la porte, reviennent par la fenêtre

Manuel brave garçon nous lance le rappel

Général sans armée, connait toutes les ficelles

De bonté il ruisselle, mais l'ogresse est rebelle

 

Du vent ses beaux discours que sens du paraitre

Se voudrait comme de Gaulle être notre grand prêtre

Hélas pas de taille, ce comédien qu'en jette

Pour les opportunistes, c'est sûr c'est le meilleur

Avalent des couleuvres de leur bienfaiteur

Qu'importe la douleur, ces gens n'ont pas d'honneur

 

En relisant ce texte, je me fais du souci

Je vais sûrement demain me faire de nouveaux ennemis

Horripiler mes proches enfin ce qu'il en reste

Leur dois ma vérité sinon serais un traitre

Car il faudra choisir, (le sais, suis rabat-joie)

Dimanche dans l'isoloir, la peste ou le choléra

Dernière info ce soir, 1er mai quel déboire

Syndicats d'ouvriers, ont défilé à part

Pour la petite histoire, quelques pétards mouillés

Mais rares les péquins, pour s'en faire un bouquet   JC Blanc  mai 2017 (fête du boulot)

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