Echecs : un parcours allégorique

rechab

photo : Chema Madoz



Les choses s'animent dans un souffle.
Elles sont interdépendantes,
et se relient sans que j'en aie conscience.
           J'ai changé le roi en statue de sel,
           renversé les tours,
caché les cavaliers derrière
un moulin et une  haie  de chênes .

Je tiens dans une main
         des rayons transparents,
         qui sont un faux semblant.
Le carrelage est glissant,
et de sa géométrie
surgissent des dragons ;

Ils s'obstinent à suivre des lignes
transversales,
croyant qu'on ne devine pas
leurs stratagèmes.

Tout le paysage est changeant .
Il se modifie à chaque coup de la partie :
Un fossé apparaît où on ne l'attend pas ;
des rocs forment de plantureux obstacles
et j'emprunte des passages secrets,

             faisant quelques détours
         après avoir cueilli des roses
qu'un ambassadeur  zélé
pourrait offrir
à la reine recluse.

Personne ne sait qu'en fait
                    un dieu guerrier
            souffle sur la région,
et entretient le feu
qui ravage les villages.

Le soleil est noir
mais porte des habits de lumière:
on fait croire aux adversaires
qu'il faut le conquérir .

Quand,       après quelques semaines
de lutte, la reine se languit,
        puis meurt de solitude,
le roi adverse
doit quitter la scène,

Il abandonne sa forteresse  : 
         le vainqueur ne peut
toujours pas atteindre les astres,
et le pays conquis
ne présente plus d'attraits.

                 Tout y est ruine,
               et la population a fui.



Signaler ce texte