Echos

mesnil-au-pain

Dans la vallée...


Comme un petit berger, emmené pas à pas
A travers les odeurs de pin et de sous bois
Pour les oiseaux il utilise comme appât
Une petite flûte majestueux haut-bois

Tout au plus petit jeu
Siffler soit assez peu
Apprendre est son vœu

Bien souvent il va seul pour ses promenades
Découvrir une racine un recoin secret
Disposé du bruit des camarades
Il dépose à terre sa honte et ses regrets

Tous les bruits du silence
S'accordent alors immenses
Décantent cette sentence

A force de ne pas chercher il finit par trouver
Derrière les rocailles qui délimitent un col
Cimes pointant vers le ciel cratère creusé
Une vallée que sa montagne accole

Ici l'herbe est tendre
Le ciel ne peut descendre
Les buses seules l'entendre

Entre ses mains vibrant de son long l'instrument
Ses doigts dansent au rythme des accords qu'il revoit
Grave et stoïque il se tient tel un monument
Tandis qu'il se lance avec sa voix

Dressant le menton
Le petit Santon
Disperse son baryton

Gammes et notes sortent de sa gorge
Elles emplissent l'espace qui s'étend dans la vallée
Déferlent dessus les torrents du fond des gorges
A travers l'embrun et les gouttes de l'air voilé

Les roches transpirent
On entend le chant retentir
La vallée sous son empire

Tandis que se termine son premier chant
La vallée se calme, le silence tombe
Libéré d'un fardeau il allait se couchant ;
Le voilà qui perçoit des voix d'outre-tombe

Des voix par dix, par cent
Qui parviennent des versants
Un cortège conversant

Dans cette cohorte, langues et paroles
Arrivent en faisceaux tissés, entrelacés.
Il sait alors qu'il peut tresser son auréole
Et mêler à ce discours sa voix effacée

Dans ce tableau de mécènes
Entre le berger en scène
Marchant vers son sarracène

Cet illustre chœur de mille voix le darde
Mais de leur éclat nimbé le réconforte.
Le pourtour de ses lèvre qui se lézarde
Aux envolées de sa gorge qui le transportent

A l'aune de leurs caresses
Il est empli d'allégresse
Dans les poèmes qu'il leur adresse

Sous l'échange de traits, et sur son visage
La barbe poussant, et dont ils dissertent,
Des sillons se creusent, glisse le message
Qui sous ses cheveux gris donnerait l'alerte

Vibration du jour et de la nuit
Temps au cours qui s'enfuit
Sur celui d'eau et son circuit

Conscient de l'affaiblissement de son souffle
Il s'arrête et pense à tout ce qu'il a chanté
Sans compagnie. De sa cape il s'emmitoufle
Tout un monde à redécouvrir, impatienté


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