Eden

Christian Lemoine

Des éclats de lumière bleue s'apostrophaient sous l'averse. Battante, cette averse, comme un dernier jour de déluge, quand le cataclysme dans un sursaut d'orgueil renouait avec ses vanités. Dans les trombes aux furies d'orage, des stridences, des ruptures brutales d'harmonie, débarquées dans l'urgence du torrent vertical. Les vies imbriquées s'y emmitouflaient, grégaires et resserrées, dans la promiscuité du partage des eaux. La fusion des éléments, voilà ce qu'ils imploraient, ce qu'ils réclamaient. Et les sons étaient liquides, la pluie goûtait les sueurs mêlées, les regards chantaient les communions des rythmes : martèlement du sang, crépitement des mains claquées, trépidation d'une musique primordiale. Un monde s'inventait, et bénissait le futur qu'il imaginait pour lui-même, pygmalion et prométhée, ignorant sa permanence enfouie dans une impossible immobilité. Au matin, comme en l'aube première, les corps nus s'embrassaient dans l'eau des étangs purs, loin des guerres, loin des peurs, extasiés de leur pudeur d'innocence. Plus loin, derrière les amours sans taches, l'hymne en rafales pulvérisait les artifices des vieilles nations abasourdies.
  • Nous qui avons toute l'eau inimaginable pour épancher notre soif, pour eux, c'est un trésor qui tombe du ciel !

    Très beau texte comme d'habitude, mais ai-je vraiment besoin de le spécifier !

    · Il y a plus de 4 ans ·
    Louve blanche

    Louve

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