Emalia.

« Il y a dans ce monde un nombre incalculable de
personnalités qui existent, mais parmi celles-ci,

c'est à vous de savoir différencier celles qui sont pures
de celles qui se cachent derrière un masque. »

Emalia était une jeune fille qui, adolescente, était pleine de vie.

Elle appréciait les choses simples comme la musique, les différentes cultures du monde, l'art et surtout passer du temps avec ses amies comme la majorité des filles de son âge.

Plutôt prude, Emalia n'avait jamais été tentée par les vices de la jeunesse telle que l'alcool, la drogue, ni même la cigarette.

Le sexe? ce n'était pas pour le moment. À seulement seize ans, elle ne l'envisageait même pas et rêvait encore naïvement au prince charmant.

La jeune fille avait toujours été comme cela, dans son monde à elle.

« Son monde à elle » c'est la façon singulière de décrire qu'elle vivait dans un quotidien cousu de rêves, d'espoirs mais surtout un univers constitué de gens sans mauvaises pensées, un monde où les méchants n'existaient que dans les séries, dans les livres ou dans les films.
Elle vivait sur un nuage où le soleil y brillait sans arrêt. Où la pluie n'existait pas.

Emalia était bien entourée, peu, mais que par de bonnes personnes. Ce n'était pas la fille qui se faisait remarquer au lycée, ni celle qui attirait les problèmes.

Ses deux amies avec qui elle passait la plupart de son temps scolaire mais également en dehors de l'enceinte du lycée était, je suppose, très importantes pour elle.

Une des deux était plus ou moins comme elle, si ce n'est encore plus sur son nuage. La deuxième, plutôt réservée mais qui avait le charisme d'un leader.
Tout en simplicité, c'était avec cet opposé que l'amitié c'était davantage solidifiée.

Nous les appellerons dans l'ordre « La fille nuage » et « La louve solitaire ».

En ce qui concerne cette amitié solide entre Emalia et La louve solitaire, il n'y avait pas grand-chose à en dire.
Elles étaient très fusionnelles, il était d'ailleurs rare d'en voir une sans que l'autre ne soit pas très loin.

Tout le monde savait qu'elles étaient vouées à une amitié éternelle, même les gens qui ne connaissaient pas les deux jeunes filles plus que ça.

Malgré les années qui défilaient sous leurs pas, Elles étaient toujours autant attachées l'une à l'autre.

Mais comme toute personne de ce monde, elles avaient évolué.
Terminé l'époque où La louve solitaire faisait découvrir à la jeune fille les limites de la vie.

Finie la période où, à travers ses propres vices, elle partageait son expérience dépravée à Emalia qui, elle, restait toujours plus ou moins en retenue sûrement de peur d'en subir les conséquences.

On ne parle pas là d'une mauvaise fréquentation, seulement de deux adolescentes qui se testaient en tant qu'être vivants, d'une Louve solitaire qui offrait un peu de sa solitude morose à son amie afin qu'elle puisse voir comment elle vivait à travers ses excès.

Il n'y avait jamais eu une mauvaise attention de sa part, seulement l'envie de se connaître encore davantage.

Un bon nombre d'années étaient donc passées, les choses semblaient inchangées et pourtant, ce n'était pas la réalité.

Emalia avait enfilé un costume et je ne vous parles pas là d'un déguisement d'Halloween ou de Carnaval. C'était un masque difficile à apercevoir, quasiment impossible même.

Rongée par la jalousie et surtout étant tombée de son nuage doré, la jeune fille devenue maintenant jeune femme avait arrêté de vivre dans « son monde à elle ».

Les ruptures que la vie lui avait offertes l'avaient complètement retournée.

Elle était dans l'incapacité à vivre comme elle le faisait autrefois.

Complexée par la personne qu'elle était, elle enviait la réussite des autres sans songer que cela se voyait et pouvait blesser.

La louve solitaire était au même niveau de vie qu'elle, elle avait réussi certaines choses mais d'autres étaient encore en attente, seulement ce n'était pas le point de vue d'Emalia. Pour la jeune femme, elle devait avoir ce que son amie avait.
Elle désirait tout avoir dès l'instant où elle l'avait envisagé.

Cette situation avait créé beaucoup de non-dit car, ne voulant pas perdre cette amitié si fusionnel, La louve solitaire prenait systématiquement des pincettes pour gentiment lui faire comprendre que la situation n'avait pas à changer pour si peu, que toutes choses viendraient à elle avec de la patiente, mais Emalia restait sur ses positions.

Elle voulait ce qu'elle n'avait pas encore la chance de posséder.

Son nouveau masque qui se faisait de plus en plus présent ne cessait de prendre possession d'elle et de ce qu'était cette jeune adolescente d'antan.

Ne se remettant jamais en question, Emalia était en train de perdre une partie de ce qu'elle avait déjà construit, elle qui en voulait toujours plus s'éloignait de ce qu'elle avait pourtant déjà obtenu, aveuglée par la soif de réussir plus que tout le monde.

La louve solitaire qui contrairement à son nom, avait besoin de cette personne pour être comblée, se lassait du comportement de son âme sœur amicale.

Emalia n'était plus la même qu'autrefois et cela, son amie avait fini par le comprendre.

À plusieurs reprises, désespérée, elle avait tenté d'en parler à Emalia, de lui faire voir son nouveau visage, mais celle-ci restait dans le déni.

Le temps s'était écoulé, et La louve solitaire avait décidé de prendre son indépendance en se resignant à la moindre amitié, dont et surtout celle d'Emalia. Elle était à présent seule.

Son ancienne amie n'a sûrement pas compris les raisons de cette décision radicale, étant donné que le masque qu'elle portait avait pris l'entièreté de sa personne.
Encore une fois, elle ne se sentait pas coupable.

Elle ignore encore jusqu'à ce jour et cet instant que la louve solitaire avait fait cela à contrecœur, elle ne se doute pas que son ancienne moitié amicale souffre de sa solitude, ni même qu'elle n'avait agi pour son bien morale.

Nous sommes arrivé plusieurs mois après ce changement radical de vie. La Louve solitaire l'est plus qu'auparavant lorsqu'elle côtoyait encore ses démons et essayait de se débarrasser de ses chaînes, tandis qu'Emalia était devenue une autre personne.

Il ne restait plus que le masque.