Emmener

Emmener dans mes bagages mon Pierrot, mon tricorne, mon écharpe à froufrou. Laisser les clefs à ma soeur, mon ordi, mes clés USB, mon poisson rouge. Y a dans la vie des décisions à prendre, quand on veut la paix, y a des mesures qu'on prend, on parle, on dit les choses et on s'en va le coeur serein. Moi et mon désir de grandeur dans les relations humaines, je suis sensible aux marques d'amitié, d'amour aussi bien sûr. Ne plus chercher, à part mon petit maquillage, mon petit fond de teint pour me farder les joues à carnaval, tout ce qui fait fête, plumes et falbalas. ça y est, à Venise les gondoles ont amené jusqu'à la place Saint Marc, des hommes et des femmes en costumes Renaissance, la liberté et la magnificence que  cette fête déploie sur la sérénissime sont des plus grandioses et colorées. Je sourie à une aristocrate russe, je me fais photographiée avec une marquise en robe blanche et rose, les courtisans et leur haute canne ont la prestance de grands séducteurs échappés du XVIIIe siècle.

Ramener avec moi toute la joie et la splendeur rencontrées pendant mon voyage, des kilomètres de pellicules photos, plein de souvenirs et de merveilles en confetti. Retrouver ma soeur et mon poisson rouge, changer d'habitudes, raconter ce qui m'a le plus marqué, les personnages en costume qui semblaient flotter dans la brume (véridique!).

Ce soir la commedia dell'arte s'invite chez moi, Arlequin et Colombine se promènent bras dessus, bras dessous et échangent des confidences, je m'approcherais bien d'eux pour entendre leurs secrets. Ce soir l'air est léger et sent la cannelle, demain j'irai voir "Le retour des hirondelles", une histoire d'amour entre un homme et une femme rejetés par leur famille respective, ça se passe dans la campagne chinoise, très pauvre mais où les gens sont libres dans leur maison aux toits de chaume. Venise la riche et somptueuse, la Chine rurale et très pauvre, ça me fait penser aux célèbres routes de la soie et des épices où transitaient objets de valeur, idées et religions.

Grands écarts et ronds de jambes, j'invente mes voyages en fonction des lignes que j'écris. Mes bagages sont en fait imagination et désir de liberté, de l'amitié pour les peuples et l'amour de l'humanité, ça a l'air précieux et pompeux, excusez-moi du peu!