EMPIRES, l’expo monumenta

Christophe Paris

Du grand, du lourd, du qui fait parler, une expo qui rétrécit le corps mais élargit l’esprit.

Monumenta avant tout c'est une histoire de chiffres mais sans dollars. Des tonnes d'acier et d'aluminium et 250 mètres de long, c'est sûr on se sent toup'ti.
Une œuvre si massive et démesurée qu'il a fallu étayer tous les sous-sols du palais pour supporter la bête, obligeant les salariés du dessous à des parcours aventureux pour rejoindre des bureaux noyés d'échafaudages.


Début de la visite c'est l'heure de se transformer en lilliputien.
Premier pas et boum révélation, c'est la multiplication des containers je vois GESU inscrit sur certains, simple code de transport à l'étrange coïncidence.
En avançant vous vous rendez compte que ces énormes tas de containers sont comme soutenus par une gigantesque colonne vertébrale pleine d'os, celle du serpent géant, une sorte de conso-monstre. Celui du commerce qui part de deux arcs de triomphes, une grue de quai portuaire et des containers surmontés d'un gigantesque bicorne à la Napoléon.
Le pouvoir et la puissance en un symbole.
Un chapeau comme un cœur qui fait battre celui de la bestiole à sang froid, son corps ondulant comme un grand huit, résultat de l'impact tellurique d'un pouvoir à l'équilibre précaire. Mais ici pas de jugement, pas de vision négative, l'artiste considérant le commerce comme un garde-paix.
Vous arrivez finalement à sa tête, magnifique, énorme, flippante, car grande ouverte. Elle regarde le chapeau ou la fin de sa queue de dragon. Va-t-elle nous bouffer ou se manger le bout pour créer un nouveau cycle ? On ne sait alors on en parle.
On discute de la mise en abîme, la sculpture transportée dans les containers de l'expo, elle-même résonance métallique du bâtiment. On y déambule à la cool entre les rectangles d'acier ou les os de la bête, on oscille entre passé osseux et présent métallique, entre tradition et modernité.
La tradition, dont on perçoit les racines en accédant à une vue en hauteur. Les ondulations du squelette rappellent ces collines en forme de pain de sucre des vieilles peintures chinoises aux p'tits bonhommes à gros bide dedans. Saisissant ça se voit tout de suite.
La modernité, comme ces containers, géants de fer colorés qui apparaissent comme des pixels de notre monde. Étrange de trouver légèreté et beauté via des artefacts loin des canons de la mode.
Une réussite, une expo où déambuler, où bavarder et visuellement assez bluffante, si vous êtes dans le coin n'hésitez pas.


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