Ensanglanté

franekbalboa

Te rappelles-tu ta pire colère ?

Il se trouve que je m'en rappelle simplement par bribes. Il faut savoir que je suis toujours dans le contrôle, étonnant, mais vrai. Je ne me laisse jamais aller à l'émotion négative, de peur que cela m'amène sur un chemin emprunt de regrets. Entre autres, je suis quelqu'un de sanguin, ma colère est froide aujourd'hui mais fut explosive à ce moment là. 

Je devais avoir quelque chose comme dix ans de moins. Une grande soirée d'anniversaire avait été prévue pour un ami proche, et on avait tous mis la main à la pâte. Même les indésirables avaient fait en sorte que ce moment soit agréable. J'avais une amie qui devait venir accompagnée de son copain du moment. Puis elle arriva à la soirée, un peu décoiffée et agitée, mais seule. Personne ne se formalisa, et elle partit se recoiffer dit-elle. Après de longues minutes, devant satisfaire une envie pressante due à la boisson, je m'eclipsais aux toilettes. En sortant je me dirige vers la salle d'eau en face, et ouvre la porte. 

Elle était en larmes. 

Que se passait-il ? 

L'ami chez qui nous étions arrivait alors, je lui fis signe de retourner avec les convives. Je fermais la porte en entrant et m'accroupis à côté d'elle, lui demandant ce qui n'allait pas. Elle me répondit d'un "ça va" si froid que je me sentis légèrement bousculé. Je rétorquais que si ça allait alors j'étais champion olympique du marathon. Elle leva la tête d'un sourire gêné. Et je vis à ce moment là son poignet. Un bleu très prononcé s'y dessinait. Et deux autres un peu plus haut. Je lui demandais qui avait fait ça. Elle bégaya qu'elle était tombée en changeant une ampoule. Deuxième occurrence de la question de ma part. Mais cette fois, les yeux dans les yeux, face à face. Je sentis alors de la peur, elle se mit à trembler, et des larmes apparurent. Elle m'expliqua alors que son petit ami l'avait frappée. Je la laissais finir son récit, à l'entendre, ça ne s'était produit qu'une fois. Elle détourna le regard, et se releva pour s'adosser à la baignoire. Elle portait une veste bleue qui cachait parfaitement les coups qu'elle avait reçus. 

Je lui demandais alors depuis quand il la battait. Elle me répondit que ça n'était pas le cas. Je lui rappelais que j'étais pompier, et que je voyais quand des bleus étaient fait le même jour ou à des jours différents. Elle éclata en sanglots en me disant que ça faisait deux semaines que ça durait, et qu'elle était terrifiée de le quitter. Je sentais mon sang bouillir et ma tempe gonfler sous l'effet de la colère. Mes poings étaient serrés par la furie. Je réussis à les desserrer, puis me relevai-j'étais encore assis au sol- et je la serrai dans mes bras en lui disant que ça irait. 

Après quelques instants, quelqu'un toqua à la porte. C'était l'hôte, il la vit en larmes, et nous dit simplement qu'il était là. Il, lui, celui qui avait battu cette jeune fille. Je savais qu'il ne faudrait qu'un mauvais geste pour que je déraille. Elle alla dans la pièce, je retins mon ami et lui dit qu'il faudra sans doute me calmer, m'assommer si nécessaire. 

La soirée continua, et se passa plutôt bien. Un seul des convives semblait ne pas s'amuser. Je vous laisse deviner lequel. Puis il insista pour qu'ils s'en aillent. A un moment, il l'agrippa par le bras et la tira avec force vers lui. Là, je dégoupillais. Je me rappelle simplement que son gilet bleu fut arraché à ce moment. Puis le noir total. Ce sont les amis présents à cette soirée qui m'ont raconté la suite. 

J'ai sauté sur l'homme et l'ai roué de coups de poings et de pieds en l'insultant. Je pense en revoyant son visage quelques jours plus tard qu'il n'y a pas eu un centimètre carré que je n'ai pas battu. Mes amis se sont mis à me retenir. Mais ma rage était telle qu'ils durent s'y mettre à 4. Je me réveillais plus ou moins à ce moment. Elle devant moi, deux amis me tenant un bras chacun, et un autre agrippant mes épaules. J'ai arrêté de résister. Ils m'ont lâché. Mes mains étaient étrangement engourdies et douloureuses. Je tremblais de partout, je tenais à peine sur mes jambes et j'avais le visage humide. En regardant mes mains, quelques traces de sang, quelques gouttes par terre également. 

Elle pleurait à chaudes larmes. Ils étaient tous choqués, ils n'avaient rien compris de ce qui venait de se passer. Ils m'assirent sur le fauteuil, me firent boire. Elle leur raconta alors tout, toujours en pleurant. Ils étaient horrifiés et comprirent alors. Ils me regardèrent moitié amusés, moitié inquiets, en disant qu'il ne lèverait plus jamais la main sur elle. 

En effet. J'en étais certain. Elle décida de le quitter. On y était tous allés pour ça, il faut dire qu'il habitait chez elle. Il partit furieux mais n'osa rien faire. On le prévint qu'il valait mieux qu'il n'arrive rien à notre amie. Il n'essaya rien. Pas même de résister. Lorsqu'il claqua la porte, elle fondit en larmes sur son fauteuil. Elle pleura pendant de longues minutes. C'était fini. Elle n'aurait plus peur. Cette peur laissa la place au soulagement alors qu'elle nous versait un verre en nous remerciant. 

  • Et dire que cela arrive tellement souvent... sans différence de sexe d'ailleurs, physiquement ou moralement...

    · Il y a presque 5 ans ·
    Chat lunettes soleil

    lamandine

    • Oui. Ce genre d'événements fou nous font prendre conscience de certaines choses...

      · Il y a presque 5 ans ·
      Djinn

      franekbalboa

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