Entrechats de chat botté...

Jean Claude Blanc

A la manière de Devos, modestement cette fable, à l'adresse de ces matous pervers, prédateurs sous leur air de gentils minets...égalant d'ailleurs en cruauté l'espèce humaine

                  Entrechats de chat  botté

Groupie de Devos, comique lettré

Qu'il me pardonne le parodier

Juste cette fable, pour l'honorer

Conte les caprices d'un greffier

Qui d'entrechats si échaudé

Craignant l'eau fraiche, pattes veloutées

Royal câlin, pour m'arnaquer

 

Saleté de matou qui chie partout

Mais c'est mon chat, mais si à moi…

Simulateur, que ses yeux doux

Pépère sent encore le caca

Logique sorti de la SPA

Ne lui manquant que la parole

Lorsqu'il a faim, pauvre chou, il miaule

Pourtant ce qu'il peut faire le mariole

Se farcir d'oiseaux, trouve ça drôle

Me semble abuser un peu de son rôle

 

Rien qu'à le voir, ce chat pacha

Non pas un chien, il n'aboie pas

Seulement reste aux abois

Comme félin, chasseur de proie

Pour une souris, tient le mode d'emploi

Attend qu'elle sorte de son trou

Lui bondit dessus, sans l'estourbir

Pourvu que dure le plaisir

Lui s'en amuse comme un joujou

La martyrise, ce vampire

Et puis l'achève, hâte d'en finir

 

Heureusement qu'il n'est pas noir

Ça porte malheur, pelage barbare

De toute façon, fait bande à part

Regagne son gîte, tard le soir

Grippe-minot, pas sage apôtre

S'il a les crocs, alors se vautre

Dans la luxure, ce malotru

Lève la queue, montre son cul

Tandis qu'on bouffe, dépose sa crotte

Sur le rebord du bahut

Même pas gêné, il mégotte

Devant son bol de lait cru

 

Bien sûr se lève à potron-minet

Pour ainsi dire de bon matin

Exprès pour bien nous emmerder

Du canapé, griffe les coussins

Pour s'excuser, vient ronronner

Discrètement sur le traversin

Un peu gonflé, ne manque pas d'air

Devant tout le monde, se gratte le derrière

En farfouillant dans sa litière

Discrètement, à sa manière

Semblant de pudeur, peur d'être grondé

 

Un de ces jours, cette créature

Vais la fourguer pour sa fourrure

Car me mène la vie dure

Souvent dépasse la mesure

Réclame sans cesse sa nourriture

 

Domestiqué, estampillé

De bonne race, ce désoeuvré

Se calfeutre dans l'âtre, quand il fait froid

Pourtant son job, c'est les rats…

Peuvent courir sans se soucier

Les dénicher, n'a guère la foi

L'ai trop gâté, triste résultat

Crève pas misère, lourd son poids

Faut le prier pour qu'il se bouge

Même somnolant y voit tout rouge

Fait la grimace, cet ingrat

Qui boude devant son bout de gras

 

Fourbe, cruel, l'animal

A s'envoyer tas de mulots

Comme ces espèces de carnassiers

D'un peu de bidoche, il s'en régale

Leste nuisible, guette les moineaux

Même haut juchés sur la cheminée

Pas le temps de fuir, décapités

Restent que les os, les ailes plumées

 

C'est pour cela que je m'en débarrasse

Pas touche à mes tendres pinsons

Lui l'interdit, mais s'en prélasse

Alors funeste conclusion

Plus d'hirondelles, à l'horizon

De cette canaille, si vorace

Je n'en veux plus en ma maison

Lorsqu'il se rend compte que je suis fumasse

Se montre gentil et pudibond

A me lécher même les godasses

Politicien à sa façon

Ne marche pas à ses astuces

Caresse de chat, ça met de puces…

 

Cependant altruiste me laisse bercer

Pour tant de mamours à mon égard

Il me connait, m'a adopté

Moi qui déteste être adulé

Pour me contrarier, ce malabar

Viens me cajoler en mon plumard

 

M'amène ses potes du quartier

Ceux des gouttières, sérial killer

Pour joyeusement en béqueter

De ces granules à volonté

Que je leur offre sans rechigner

Mais accueillir, l'arche de Noé

Rocard la dit et répété

« La France n'est pas resto du cœur »

Hélas trop brave, suis bonne cible

« A cœur vaillant rien d'impossible »

 

Chez le véto, l'ai fait châtrer

Se reproduire, à ça jamais !

Il vieillira sans en goûter

De ces bestiales voluptés

Déjà assez d'humanité

A restaurer chez les fauchés

Car en retour remercié

Que d'un « miaou » à faire pitié

(Oignons ça aide pour pleurer)

 

Finalement pris cette habitude

Le supporter malgré ses tares

Qu'on devrait mettre à l'étude

Ce sauvageon aux rudes sévices

Qu'en apparence, docile cossard

Aux ratons pèle la peau lisse

Qu'il déguste, sans s'émouvoir

Cohabiter, on s'en arrange

Chacun pour soi, chaque jour qui passe

En sa panière, tient à sa place

Comme un objet, patience d'ange

 

Faisant la paire en connivence

Alors pourquoi, se plaindre de cette chance

Lui ses instincts, moi ma conscience

Réduits qu'à notre fatal destin

Lui enterré dans le jardin

Moi pourrissant, d'esprit chagrin

Ensemble au Ciel, serait divin

 

Grâce à Saint Luc, missionnaire

De ces bestioles, solidaire

Lire dans le Nouveau Testament

Que d'eau bénite et d'encens

A rendre jaloux bigots chrétiens

Qui ont la frousse du Malin

Dotés d'une âme versatile

En vérité pas très tranquille

Garde près de moi, mon chat persan

Me préservant des chats huant

Marché pour vioques ces félidés

A coucouner, à toiletter

Médicaments pour les stressés

Piqûres de rappel, les dents brossées

A assurer en cas de danger

Si pas de pot sont enragés

 

Tourne plus très rond notre planète

Tandis que des peuples à la diète

Que l'on découvre sur internet

N'ont pas de honte, amis des bêtes

Leurs livres de suite en leur assiette

Beefsteak haché, truite sans arêtes

Pour mendigots, des clopinettes

 

Le chat huret, pas un hibou

Consomme de suite son canigou

Gavé ras bord, perdu le goût

Que feulement, ce cri de chaton

Attaque, défense en position

Au moment de la reproduction

Nous autres prudes mâles éduqués

Quand on s'éprend d'une minette

Le protocole respecté

Invitation boire un café

Afin de faire sa conquête

Ça prend des plombes pour la séduire

Sur son cul on risque de moisir

 

N'est pas qui veut, être chat perché

Pour fourbir lame effilée

Rentrant dans le lard d'une pépée

Mais c'est pas de jeu, car ces minets

Plus de 12 heures à roupiller

Pètent la forme, bien reposés

D'en profiter, c'est terminé

Car la plupart, stérilisés

Se consacrent qu'à leur ignoble passion

Chéris de leurs maitres, dressés pour tuer  

L'écosystème, me presse le citron

Toujours les faibles éliminés        

Le genre humain perd la raison

Sauf les persans, plus de Shah à fouetter        JC Blanc mai 2018

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