Prologue
Veronica Tomaszewski
Ma vie a été faite de beaucoup de choses, d'autant de beauté qui se fane quand survient l'hiver, aux tréfonds nauséabonds du cercueil pourri par l'humidité de la terre fraîche. Et le temps ne fait que passer, emportant dans son sillage souvenirs et envies inachevées.
Il ne faut pas en vouloir aux circonstances des désastres, parfois nous engendrons nos propres fautes, mais au fond personne n'oublie jamais la rancœur, celle que provoquent les autres. Pardonner, réparer, se venger ou ignorer, la justice sait se faire discrète.
J'ai dû choisir à mon tour. Loin du son de la douce innocence, il m'a fallu puiser en moi-même le courage de choisir, et faire face aux circonstances qui ont ravagé mon semblant de vie. Tout cela en a-t-il valut la peine ? Je dirai que non, ou plutôt que l'âge de raison arrive toujours une centaine d'années après la guerre. Les fautifs seront marqués au fer rouge, alors la marque commence à manifester son baiser brûlé sur ma peau.
J'ai savouré chaque instant de ma vie, reconnaissante de saisir l'importance de cet éclat éphémère, perdu. « Un peu plus tard », il est trop tard pour espérer changer l'impossible, l'histoire s'enclenche dès la première tragédie, nous n'avons pas notre mot à dire sur le destin. Tandis que je m'épanche de mes regrets amers, apparaît le visage de cet homme, là où l'amour ne trouve aucune paix et où la bêtise se moque de nos émotions.
Ceci est mon histoire, celle d'une femme-enfant, d'un monstre d'antan, d'une âme déjà gâchée à Satan. Non, même le diable ne mérite pas d'être mêlé à ça, assez de blâmer des spectres pour nos erreurs, voyons en face qui est, ou sont, les véritables coupables.