Et si, on dit, il paraît... Et pourtant

nrik

Photo : Shaun Tan, Là où vont nos pères.

Et si, 
Et si nous laissions les si suspendus dans les airs. Comme des points, sortes de ponts, entre nos angoisses et nos discussions. Comme si nos pensées n'étaient que des chimères, aveugles de tout sens. Et si nous laissions les sons de notre enfance se répandre dans l'air. 

On dit,
On dit qu'il n'y a que les enfants qui sont éternels. Les adultes, eux, meurent à la fin de leur adolescence. On dit qu'ils croient à ce qu'ils disent. Et font l'inverse de ce qu'ils sont. On dit qu'ils aimeraient retourner en enfance mais qu'ils n'en ont pas la patience. 

Il paraît, 
Il paraît que le temps n'efface pas les blessures. Il les remplace vite par des cicatrices. Que les voiles des voyages ne recouvrent jamais les véritables douleurs. Ils les dissimulent simplement au fond de nos valises. Il paraît qu'il n'y a plus de vrais poètes. Ou bien est-ce seulement le manque de poèmes que l'on apprenait par cœur. 

Et pourtant, 
Et pourtant je ne peux pas croire que le temps est une impasse, que l'on arpente dans un seul sens. Que la charpente de nos corps ne supporte qu'une seule tête. Et pourtant nos peurs continuent de pousser nos pensées. Dans l'espace minuté de nos indécisions. Et pourtant il nous faut bien grandir. 

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