Etangs et poèmes (27)

Alain Balussou

Pièce 27 de Nouvelles de Mars
Posés sur de trop hautes marches
les Pyrénées ont des étangs.
Par les jours chauds, toujours latents,
les marcheurs y posent leur marche,


trompés par les réflexions
d'un miroir sans tain où se mêlent
l'isard, qu'autre part on appelle
chamois, et ces fleurs d'illusion,


l'apparence des soldanelles,
rondes dentelles qui ne sont,
escomptant un premier frisson,
qu'arrière-garde et sentinelle


de la neige. Vont-ils me croire
si je dis, pour les agacer,
qu'à l'étang inerte et glacé
les troupeaux ne viennent pas boire ?


où, sous les dalles immergées,
quand l'air s'assombrit d'un nuage
ils peuvent surprendre la nage
vorace de l'omble étranger.


Le soleil suspend les brouillards,
patience ! à cette altitude
la très bien nommée solitude
monte de l'eau un peu plus tard.


L'été farde le paysage.
Dans les Pyrénées chaque étang,
sur les cartes bleu, noir ou blanc,
dissimule son vrai visage.


Je lis en fraude, vieux marcheur,
son ambiguïté de poème.
Poèmes, avez-vous la même
inexprimable profondeur ?

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  • Sans doute oui, car la perception de chacun dépend de nombreux paramètres et ces derniers changent au fil des années... Les pièces de notre enfance rétrécissent, nous occultons des choses, tandis que d'autres nous apparaissent plus prégnantes. Pardon pour ces considérations et merci beaucoup pour le voyage que vous nous offrez dans ces vers.

    · Il y a presque 6 ans ·
    Profil

    Julien Darowski

    • Texte baptisé à tort "poème", il s'agit d'un document naturaliste.

      · Il y a presque 6 ans ·
      Photo 1 orig

      Alain Balussou

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