Eté lointain 3

aile68

Conjurer le mauvais sort, c'est ce que je voulais dire tout à l'heure. Faire renaître la vie et un nouveau bonheur à coups de pioche dans une nouvelle terre, peut-être moins fertile, moins grasse que celle du pays natal. Partir pour perpétuer les traditions avec les bons plats de la Mamma, prendre soin des enfants, de la maison, adopter de nouvelles habitudes de vie, faire se côtoyer deux langues, deux cultures, deux mondes différents. Etre le maçon de sa propre vie, chaque brique, chaque sou contribuent à bâtir un édifice, modeste certes, humble, mais solide. A l'arrière du vélo de mon père, une cagette pleine de légumes, d'amour et de courage, il n'avait pas peur du travail mon père. Lui et ma mère... Un pari sur la vie et pour la vie dans un pays que mon père a choisi.

Nouveaux trains, nouveaux voyages, retour au pays natal avec les enfants excités comme des fous à la perspective d'une épopée de vingt-quatre heures, train spécial pour la belle île majestueuse de la Méditerranée, grande bleue gardée par une sainte Vierge édifiée en statue. C'était la grande aventure, des sensations nouvelles avec le train qui se détache pour entrer dans le bateau, peur mêlée de fascination, quand on racontait ça aux copines, elles disaient: "Mais c'est pas possible!". Et pourtant! Au retour les valises étaient encore plus pleines qu'au départ. Tout tenait avec une corde, valises, gros paquets, je crois qu'on n'a jamais couper le cordon...

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