Eveil

Café corsé, fortissimo, rien n'y fait, je vais me coucher. J'ai le  regard éteint, ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé. Cocktail multivitaminé, jus de betterave, j'ai la mine terne, pas de courrier dans ma boîte, pas de cartes postales, niet! Dehors le soleil est gris, il fait bon, enfin on respire. Je vais demander au voisin du quatrième étage de régler mon thermostat à nuage, pour qu'il pleuve, pleuve, pleuve. Qu'il y ait des orages à tire-larigot, des éclairs et le tonnerre qui tonne, tonne. Quand la nature s'éveille, se remue, c'est là que j'ai envie de sortir, de courir sous la pluie, je renais, ça vaut tous les cafés du monde. Un truc que je vous ai pas dit, ma sollicitude envers les autres, ma gentillesse, ne meurent jamais même quand je suis dans un état de léthargie maximale, elles flottent au-dessus de  de mes rêves arrêtés, bloqués par un sommeil éveillé. Blottie dans le creux de mon lit, mon oreiller me réconforte, me fait chaud au coeur. J'aime être découverte, la peau nue sur mon drap frais. Les yeux fermée je me régénère tandis que j'entends les voitures passer sur les gouttes d'eau qui tombent sur la chaussée. La route respire enfin, se déconnecte de la chaleur qui se collait à elle. Tout à l'heure j'ai vu un jeune de père de famille donner une pièce à une dame assise par terre, ça m'a fait du bien de voir ça, comme un rêve qui revient dans la pluie de juillet.