Fac

_wendy_

J'errais dans la fac avec ma tête de morte-vivante, anémiée, dénutrie à cause du peu de nourriture que j'arrivais à ingérer, trop anxieuse, trop énervée, trop excitée, trop flemmarde, parfois, pour préparer un simple repas. Je faisais la gueule, quand je ne pleurais pas, mais quand j'aperçevais l'une d'entre elles mon visage s'illuminait et j'avais sans doute soudain l'air niaise avec la banane, mais qu'est-ce que j'allais mieux tout à coup! L'une d'elles est venue vers moi, un jour, alors que je regardais tristement par la baie vitrée, au rez-de-chaussée, elle m'a dit en plaisantant "c'est trop bas pour sauter", je me suis dit "elle est osée quand même de faire ce genre de blague à une dépressive" mais ça m'a fait marrer. Je souriais de toutes mes dents et je me sentais un peu gênée, il était évident que je l'aimais, on ne peut pas avoir une tronche de zombie suicidaire à longueur de temps et soudain devenir radieuse à la vue d'une personne sans être raide dingue de celle-ci.

Trois ans ont passé. Je vais mieux mais je ne suis pas heureuse. Cependant je souris toujours autant lorsqu'elle se manifeste, par mail ou sur un célèbre réseau social. Les autres c'est pareil, lorsque je reçois une carte de leur part j'exulte intérieurement, et je serre le courrier contre mon coeur. C'est sûr, ma vie sentimentale je ne peux pas la partager avec tout le monde. Va faire comprendre à une fille de 25-30 ans hétéro en couple et qui envisage sans doute d'avoir des enfants que toi, tu te contentes de vivre "quelque chose" de platonique, à distance, avec d'anciennes profs. Impensable.

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