Fatigué

Christian Lemoine

Ces trajets tant de fois répétés. Répétés. Jusqu'à n'en avoir plus aucun mystère sinon la surprise d'une averse inattendue. Répétés jusqu'à la nausée. Ces chemins tant de fois foulés, jusqu'à en savoir la moindre brindille. Jusqu'au vertige. Vues du départ et de l'arrivée confondues, brouillées dans l'imbroglio des trames usées. Stérilité d'un sol meurtri. Et même ces voies inconnues, déroulées sur le fond de scène d'un théâtre moribond, imprégnées déjà du fard émétique des impasses, où il n'est d'autre issue, jamais, que de rebrousser chemin. Un portillon brisé, en arracher les ronces ? Un clédal perdu entre des taillis froissés ? Une barrière à pousser malgré son poids figé, avant la brèche, avant l'éclaircie ? et sa main pour écarter les peurs.

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