Feu céleste

Christian Lemoine

Quelques brandons encore chauds, un cœur encore battant sous la gangue refroidie, et l'âme en son mitan, flèche dressée sans socle, aspiration morale couvée d'un ciel cramoisi. Quelques fumeroles assagies qui n'ont plus l'ambition de traduire les brasiers. Le ciel ne prétend plus se mouvoir au-dessus des terres en anonyme aveugle. Le ciel n'aligne plus les aurores et les couchants en autant de paraboles divines. Le ciel affiche sa modestie, l'illusion d'une couverture de peau mince et fragile. Et de cette capuche blême descend un froid soudain, scandé en oraison sur la péroraison des étoiles moribondes. Le feu, là-haut, le feu lui-même consume ses charpentes, lui-même il se grossit de sa voracité, d'autant plus outrancier qu'en cette bâfrerie orgiaque lui-même il se mange. Depuis longtemps le sait-il, que son éternité n'ira pas au-delà d'un dernier battement suspendu d'une note orpheline et stérile. Que nous chaut alors l'incendie des chimères ? Il fallait bien nos icônes saccagées pour alerte à nos suffisances, et sacrifier à nos imperfections la vertu des pures origines. En escorte impavide, l'immuable tapisserie des constellations, aux efforts si imperceptibles qu'on en oublie leur usure, jusqu'à la surprise où se noie une naine rouge. Que n'avons-nous le songe des résurrections pour espérer témoigner du mariage des galaxies !
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