Fidélité
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Son regard emprunt de néant semblait se perdre dans l’infini. Il en était ainsi chaque matin, quand elle allumait, après avoir inhalé son premier rail de cocaïne, sa première cigarette. Ce n’était pas par pudeur, mais par provocation, qu’une bouteille de coca-cola fraichement décapsulée masquait, entre ses cuisses négligemment écartées, son con soigneusement épilé. Par provocation également qu’un Marcel d’un blanc immaculé recouvrait ses seins dont les tétons pointaient sous le coton. Elle savait qu’il était là, en face, sur sa terrasse, en érection sous son peignoir, avec sa paire de jumelles, à l’épier scrupuleusement. Forte de cette certitude, elle restait tranquillement assise au sol en laissant la Chesterfield qu’elle tenait entre ses doigts se consumer jusqu’à ce que la cendre tombe sur le parquet. Après, seulement, elle tirait une bouffée en se demandant s’il en était au stade de la masturbation en douceur ou s’il patientait jusqu’à l’étape suivante pour se branler à en avoir mal. Lassée des partenaires d’un soir se succédant en groupe, sur sa couche, des années durant, elle avait à sa manière fait vœu de ne se donner qu’à un seul. C’est à lui, à sa fidélité enragée de voyeur avide, qu’elle devait d’avoir opté pour la perversité monogame. « Six mois et quatre jours nom de dieu, six mois et quatre jours que ma cramouille et mon fion ne valsent plus d’une bite à l’autre claironna-t-elle à l’attention du vide, six mois et quatre jours qu’ils ne sont plus deux ou trois, à m’enfiler simultanément par la bouche, l’anus et le vagin pendant que les autres, en cercle autour de moi, pissent allégrement sur mon corps en attendant de me bourrer à leur tour. Après avoir été le crachoir, la serpillière, la paillasse d’une pléthore de queutards m’abandonnant couverte d’urine et de sperme, dans la chambre où ils m’avaient baisée comme la dernière des chiennes, je suis la muse consacrée d’un désaxé devant lequel je m’exhibe quotidiennement, avant de rallier, dossiers sous le bras, les tribunaux d’assises où j’assure ces plaidoiries qui m’ont valu ma renommée d’avocate. Il est grand temps que je passe à la phase finale, il doit être mûr maintenant, allons-y ma chère, à la gloire du vice, de la luxure et de l’amour ». Ecrasant son mégot sur le plancher, elle but d’une traite son coca-cola, se leva, se tint lascive en ébouriffant ses cheveux coupés à la garçonne d’une main, et se servit comme d’un godemiché de la bouteille qu’elle fit aller et venir, avec une ardeur non simulée, entre les lèvres de sa vulve ruisselante de foutre, de l’autre. Quand elle eut joui, elle se retourna et se l’enfonça dans le cul. Eprise et passionnelle, n’admettant pas de risquer de décevoir celui qui se délectait d’elle, sur son balcon du sixième étage, de l’immeuble d’en face, elle se l’enfonçait toujours dans le cul, jusqu’à ce que ça saigne.