Furtive splendeur de l'été

Jean Claude Blanc

le bonheur est dans le pré...ma part de jouissance en cette saison où j'en profite pour versifier cette nature pour nous tous sacrée... (hommage au poète Francis Jammes )

    Furtive splendeur de l'été

Heureux, radieux et extasié

Juillet et aout sur mes sommets

Furtive splendeur, saison d'été

De bon matin il fait frisquet

Se la ramènent, les promeneurs

Sûrement pas pour se faire bronzer

Les paysans, à leur labeur

 

Se levant tôt, darde le soleil

N'ayant pas besoin de réveil

Volets ouverts, quelle merveille

Déjà butinent les abeilles

 

Verte vallée à perte de vue

Sous les fougères suintent des rus

Brodés de frênes au-dessus

Desquels se déploie le bleu des nues

 

Souriante période d'ardente lumière

Où se renouvelle l'atmosphère

Pas étonnant santé de fer

Lorsqu'on respire le bon air

 

A profusion, saine nature

Inhabitée durant l'hiver

Pourquoi pas tenter l'aventure

S'y installer en solitaire

S'accoutumer vivre à la dure

 

Comme chaque année, battent le rappel

Nichent les mésanges, les hirondelles

Fonder famille leur donne des ailes

A leur rituels, toujours fidèles

 

S'épanouissent fraises et myrtilles

Se les disputent les papillons

Attirés par tout ce qui brille

Dans les roseaux en suspension

Les libellules sur l'étang cillent

 

Se la coulent douce ces mois sans nuit

Où tard le soir la lune luit

Charme de la campagne, plus aucun bruit

Que les clochettes des brebis

En cet instant de béatitude

Touchent à la grâce mes sentiments

En m'imprégnant de l'arum des champs

Juste pour prendre de l'altitude

Quand tendrement, me souffle la bise

La canicule, demain promise

Au firmament enfin en paix

Me remémore le passé

De mes anciens, préoccupés

A récolter ce qu'ils ont semé

 

Jadis seulement pour se distraire

Au bal musette, allaient danser

Nantis d'une solide cavalière

Sur la place du village

(Quel beau mariage dans l'année)

Selon légendaires commérages

 

Pas de ce siècle, je m'en contente

Suivre le tracé d'étoiles filantes

Où dans le ciel, quand il fait beau

En pointillés forment un chariot

 

Chères montagnes désertées

Que je préfère, méconnues

Afin de n'être pas déçu

Par ceux qui leur manque de respect

La salopant de leurs déchets

Débarquent ainsi nombres d'autocars

Pour les narcisses, pas denrée rare

 

C'est fou ce qu'on aime faire bande à part

Nous autres bougnas, qu'on dit avares

De commérages, pas bonnes poires

Qu'on nous surnomme, midi moins le quart

Mais bien heureux nos visiteurs

Qui en savourent de bon cœur

Pain et fromage, à 4 heures

En ignorant, sens et valeurs

De ceux qui ne plaignent pas leurs douleurs

 

N'ai pas choisi de vivre ici

C'est le pays qui m'a conquis

A cette époque, vrai Paradis

Viennent en estive comme des fourmis

Blafards des villes, vite cramoisis

 

Ne paie pas de mine notre région

Où l'on déguste à profusion

Fourme, jambon et saucisson

Gros rouge qui pique, à l'occasion

 

Quel misanthrope, allez penser

Ça coule de source, natif d'ici

Même tellement fier m'y confiner

En mon hameau, pour ses secrets

Que l'on partage qu'entre amis

L'été, l'éther à ma portée

Les prés se parent de fleurs sauvages

Hélas les sentiers pleins de genêts

Y'a plus de bêtes en pâturage

Peut-être mieux comme ça, pas dérangés

 

Beauté furtive, saison d'été

Déjà régresse, pour la Saint Jean

N'y pense pas, ce serait risqué

De trop se faire du mauvais sang

 

A la retraite désormais

Pourquoi ne pas en profiter

Revoir mes potes de jeunesse

Pas mal ridés, mais encore lestes

 

Si nos ancêtres revenaient

S'apercevraient qu'a bien changé

Leur terroir désolé

Mis en jachère ou vendu

Pour quelques sous aux inconnus

 

Comme par hasard, vieux têtu

Ne cède pas mon trou perdu

Le lèguerai si ça leur plait

A mes enfants, seuls héritiers

 

Ne serai plus là pour le voir

S'ils le liquident, s'en séparent

J'irai hanter leur conscience

Tant j'en ai sué, mon existence

 

Début juillet, toujours dans le ton

Prendre ma besace, mon bâton

A la recherche de champignons

En parcourant les bois, les monts

Mais y'en a guère, la terre est sèche

Tant pis pour moi, rien ne m'empêche

De m'enchanter virtuellement

A l'infini de mes boniments

 

Ma symphonie d'unique saison

Celle des joies de la moisson

Vous la concocte à ma façon

Y'a plus personne à l'horizon

 

En vérité, quelle déception

Etant presque tous moribonds

Les péquenots sont plus légions

Restent que les rayons, soleil de plomb

Qui alanguissent ma maison   JC Blanc juillet 2017  (pour Francis Jammes : le village à midi)

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