Génération

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Tu me dis que tu as besoin de moi. Tu me dis que tu as peur. Que lorsque tu regardes le chemin de ta vie, les traces de ceux qui t'ont précédée, peu à peu le vent les efface. Tu ne sais plus où aller et ce même vent t'emporte loin de toi-même… Tu me dis que tu pleures.

Fais donc comme ce dieu hindou dont les larmes se transforment en grosses billes de bois. Fais-toi de ces larmes un vêtement. Une fois recouverte de toute ta tristesse, tu ne pourras plus l'être.  

Tu me dis que tu veux vivre. Entre la planche et la plume. Le poids et la mesure. Tu me dis que le choix, c'est la mort d'un million d'autres possibilités. Que tu ne veux pas prendre la responsabilité de cette incertitude, seule chose dont tu sois sûre. Tu me dis que tu meurs.

Enveloppe-toi dans les draps de tes appréhensions comme le mouton se recouvre de laine à l'hiver. Fais-toi de ces draps un cocon. Une fois blottie au fond de ton inaction, la mort ne pourra plus t'atteindre. 

Tu me dis qu'à trente ans, les angoisses sont plus lourdes que les cauchemars. Tu me dis que ce monde ne t'attendra pas. Que tu es le fruit d'une génération déçue. La réponse à une question que personne ne pose plus, pourquoi ?  Tu me dis tout ça et tu as raison.

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