Gentil n'a qu'un œil

Gentil, oui c'est son prénom, et d'ailleurs ça n'est pas facile à porter dans un monde où l'esprit de compétition et la longueur des canines sont autant de qualités considérées comme vertueuses à force de voir orner des concours sportifs ou politiques, des rapports de force et coups d'état, les une des quotidiens et l'accroche principale des journaux télévisés et radiophoniques. Phrase alambiquée  pour le néophyte, indigeste pour l'esprit lettré, elle n'est pas un moyen pour moi de gagner du temps vis-à-vis du lecteur qui attend la suite du récit qui concerne le jeune Gentil dont le train-train quotidien a été bousculé lors de l'acte XIII des gilets jaunes (et là je vous donne quand même deux informations supplémentaires qui ne satisferont pas votre curiosité puisque le lien que vous fîtes immédiatement avec le titre n'est pas - et je vous le dis en toute amitié mesquine - une ligne droite que l'on peut tracer avec une règle), mais plutôt une excroissance spontanée survenant à un moment où le corps de l'histoire n'avait pas été encore imaginé par l'auteur, moi-même en l'occurrence, et ce n'est pas par immodestie que je l'affirme à cet instant, mais plutôt dans un esprit de transparence, et où les aventures de notre héros susmentionné ayant eu vocation à apparaître sous vos yeux tardent à se manifester. 

Et c'est pour moi une grande victoire de vous captiver jusqu'à ce point chère lectrice, cher lecteur, puisque de ces divagations verbales il ne vous restera probablement pas beaucoup plus de souvenirs que le point d'orgue de ce conte urbain dont le héros malgré lui est un jeune cuisinier né borgne qui s'est pris une pancarte revendicative de tendance gauchiste-Nutella, (écrite par un de ceux qui veulent être mieux payés et qui achètent chinois), alors que le vent d'autan lui la rabattait sur son iris valide, le faisant bleuir dans les six minutes, mais n'ayant pas de conséquences à long terme - et ça je peux vous l'affirmer avec certitude, car mon statut d'auteur me permet des voyages dans le temps, et je ne préfère pas vous en dire trop au risque de vous influencer pour votre prochain loto, et de toutes façons ça ne fonctionne pas puisque je l'ai déjà essayé et j'en suis arrivé à la conclusion qu'entre le monde "réel" et les mondes imaginaires inventés par des gugusses comme moi, il manque quand-même quelques passerelles solides, on pourrait demander à Bouygues, enfin c'est un autre sujet - Gentil s'en sortant avec trois jours d'arrêt, obligeant tout un collège à manger des biscottes pendant cette période. 

Je ne vous cache pas que je me vexerais si je n'étais pas convaincu que votre regard interrogateur ou consterné, lassé ou amusé, tente de cerner le message derrière tout ce fatras, et je me dois de vous annoncer à ce point précis et dans un élan de sincère empathie qu'il n'y a pas de sens caché sauf celui que votre imagination à marche forcée essaye d'inventer pour se sentir futé, en n'y voyez pas de la lâcheté ou de la facilité de ma part, c'est avec tout mon amour que je vous souhaite de pouvoir perdre votre temps parfois, sans quoi un jour on vous remplacera par des robots.