Gilles

Gilles Agnoux

Un texte qui parle de moi

Au fond d'un isoloir

Soupir d'un rade planté

Sur les tombes des marins

Se fracasse une mélopée.


C'est une jolie maison

Adossée à la colline

Qui manque de raison

Qui tous les soirs s’enivre


Il y a une cheminée

Par laquelle on peut entrer

Tomber dans les cendres

Où l'amour est venu s'pendre


Dans chacune de ses pièces

On peut y boire sans cesse

Y trouver à manger

Et même de quoi baiser


Y'a bien sûr des souvenirs

Scellés au cachet de cire

Et des meurtres à roulettes

Qui te bousille la tête


Y'a un pote dans le placard

Qui soupir un désespoir

Y'a une place réservée

A la fille que j'vais aimer


Y'a des coups de stylo

Et des paroles de prolos

D'où gicle la sève

Des filles qui en rêvent


A ton nez remontent des odeurs

Du bordel et de la sueur

Les W.C. Y sont bouchés

Les marocs allumés


Y'a aussi une boulangerie

Qui ferme à quatre heures du soir

Y'a aussi une mutinerie

Qui se lève contre vos espoirs


Les pages blanches y transpirent

Les dents des chiens s'y aiguisent

Et les ravins s'y changent

En montagne de chagrin


La fille des joies s'agenouille

Ne fait à grailler que des nouilles

Parle de philo, de joie et de malheurs

Sans penser à ce qu'elle cède à ses erreurs


Dans chacune de ses pièces

On peut y boire sans cesse

Y trouver à manger

Et même de quoi baiser.

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