Grands départs!

Jean Claude Blanc

De retour les grands départs, cauchemars des vacanciers, français moyens même sans le sou

                    Grands départs

Chaussées bondées, faut patienter

Chaleur torride de juillet

Dans ta bagnole, c'est le sauna

Putain de bouchon, avance au pas

 

Bison futé, t'a prévenu

Fallait partir, comme convenu

Un peu plus tôt, un peu plus tard

Mais le touriste est tocard

 

Prendre son mal en patience

Quand ton appart est réservé

Pour quelques jours de vacances

Même le retard, faut le payer

 

T'avais prévu, l'itinéraire

Pour éviter la procession

Choisi les routes secondaires

Comme tout le monde, pauvre cornichon

 

Pour quelques dizaines de kilomètres

C'est véritable chemin de croix                            

En plus tes gosses, t'en es plus maitre

Pipi, caca, quand il ne faut pas

 

Le Lavandou, le bord de mer

L'année durant, t'en as rêvé

Tu n'es pas près d'y arriver

En cette saison, c'est la galère

 

Certains empruntent la voie d'urgence

Ça te rappelle les grandes surfaces

On se faufile, quelle insolence

Des gens sans gêne, y'en a des masses

 

La migration a commencé

Les autoroutes sont saturées

Il y a des morts et des blessés

Personne ne se sent concerné

 

Passablement émoustillés

Te collent au cul, les plus pressés

Appels de phare et pieds de nez

C'est du théâtre trafiqué

 

L'œil au rétro, conduite crispée

T'en démords pas, voudrais doubler

Tous les panneaux sont allumés

Tu es coincé, désespéré

Débutent bien, annuels congés

Faudra du temps pour t'en remettre

Lavandes, cigales, enfumées

Mais l'essentiel, c'est d'y être

 

Chemise ouverte, lunettes foncées

A ta portière t'es accoudé

Tu es paré pour le naufrage

Sous le bitume, y'a pas la plage

 

Même ta pin-up fait la gueule

Regrette déjà d'être partie

Les gens ne savent pas ce qu'ils veulent

Rester en vie, mourir guéris…

 

Serais tenté de t'arrêter

Aire de repos, t'es conseillée

Mais pas question de roupiller

Malgré alertes, de danger

 

Pour parcourir quelques bornes

Ça t'a pris toute ta journée

Drôle de voyage, un peu risqué

Fallait attendre le mois d'octobre

 

Enfin se pointe Palavas

Tu vas rejoindre ton palace

C'est pas gagné, y'a la cohue

Faut faire la queue, sur l'avenue

 

T'en a plein le dos, de cette croisière

Même tu penses à ton boulot

Ton bungalow, pas une chaumière

30 mètres carrés, juste ce qu'il faut

 

T'as réchappé aux accidents

Aux flics, aux flashs des radars

Y'a pas de doute, t'es bien vivant

Courbaturé au laminoir

 

Pris le chemin des habitudes

L'hiver la neige, l'été la mer

Même si tu n'as que peu de tunes

Tu dois céder à tes chimères

 

Ne suis pas près de t'imiter

Dans mes forêts, je suis pénard

Encombrements, sais pas ce que c'est

Sont pas pour moi, les grands départs                   JC Blanc    juillet 2022                             «Vous reverrez, sans doute l'éternel estivant

Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant, et passe sa mort en vacances » Brassens 

  • C'est tout un art,
    d'écrire sur les grands départs,
    ... quand t'arriveras enfin, pépère
    au bord de la mer,
    faudra encore attendre que le temps passe
    à marée basse,
    du haut de l'appartement
    en bord de plage
    au sixième étage
    avec tes trois enfants...

    · Il y a presque 2 ans ·
    Tulip  avr  21  03

    rechab

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