Grippe minou

Jean Claude Blanc

            Grippe minou

 

Grippe minou, fait les yeux doux

Il se faufile sur tes genoux

Pour que tu lisses son poil roux

Egocentrique, un peu jaloux

Il met en route sans tarder

Sa belle machine à ronronner

De ses chaussons, à pas feutrés

Va se coller dans ton gilet

Il s’étale sur ton canapé

Etire ses pattes, baille aux corneilles

Sort ses griffes, les essaye

Sur ce beau cuir, à lacérer

Dans la cuisine, y’a ses gamelles

Une pour manger, l’autre pour chier

Tous les matins, sonne le rappel

Veut être servi, jeune premier

Toute la journée, il fait la sieste

Que ça à faire, ce paresseux

Quand il s’ennuie, tortille la queue

En miaulant à tes oreilles

Ne pense qu’à lui, cet intrigant

Rien qu’à son air nonchalant

Lui donnerait, saint sacrement

C’est un malin, un faux galant

Son œil félin, est aux aguets

On retrouve tout du flibustier

Laisses trainer moindre chaussure

Fait du charpie, de ses coutures

Lui, le silence, c’est son royaume

Indépendance, « home sweet home »

Fait de sa vie, douce quiétude

Change jamais ses habitudes

Quand vient la nuit, tendre gris-gris

Il se transforme en mistigri

Pour s’amuser, agrippe souris

Pas pour bouffer, juste pour rire

Sale vicieux, ce tortionnaire

Prend pour joujou, pauvre souris

A coups de pattes, quelle galère

Pour satisfaire ses lubies

Petit mulot, à l’agonie

Tente bien de lui échapper

L’autre enragé, lui, prend plaisir

A lui faire croire, qu’il est sauvé

Minou Drouet, tapi dans l’herbe

Avide d’oiseaux, fait un ravage

Ne t’étonnes pas, que c’est désert

Dans ta maison, plus de ramages

Ces petits chats, ce qu’ils sont beaux

Mais les préfère, en photo

Derrière l’image, y’a le sauvage

J’ai le cœur gros, de leurs carnages

Peux pas saquer, ces créatures

Tirées tout droit, de la nature

Empruntent aux hommes les ordures

Instincts de mort, ont la vie dure

Tout guilleret, viens se frotter

A tes pantoufles, dès le lever

Tous ses méfaits, a oublié

Ton doux chaton, un peu gonflé…

On les appelle, les greffiers

Griffonnent sans cesse, sans se soucier

Qu’ils martyrisent le gibier

S’ils croisent ma roue, les écraserai

Moi j’ai horreur des hypocrites

Derrière ton dos, te font la nique

L’humanité vaut pas bien mieux

Un peu faux cul, dore la pilule

A la rubrique chat écrasé

Ne cherchez pas le responsable

Est tout trouvé, je plaide coupable

En fait un de moins, de ces minets

Est-ce besoin de continuer

Les aime pas, ces carnassiers

Car d’autres chats, j’ai à fouetter

Mon chien au moins, me fait la fête

Je comprends bien, petit mignon

Avec ton chat, tu fais ronron

Pas si docile, fais attention

En lui se cache, un furibond  

JC Blanc                  novembre 2012

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