Guardians of the Fahrbot

A Mind On The Brink Of Collapse

Note sur le dernier "Guardians of the Galaxy', James Gunn - 2017. PS : Fahrbot est un idiome de l'univers de Bannon et Henson, signifiant 'fou, dément'.

En donnant à Ben Browder un cameo, James Gunn répond à la question existentielle des fans de Farscape : GOTG est-il secrètement le long-métrage tiré de la série non-renouvelée depuis Peacekeepers Wars (2004) ?

Sorti de l'école Lloyd Kaufmann, à qui fut donné un caméo pour le premier opus, James Gunn connaît très bien ses citations; sachant à la fois rire et détourner les dramatiques lourdingues ("You shouldn't have killed my mother, and crush my walkman"). Les contingences Marvel refreinent sans doute sa libido débordante, les anamorphoses et distortions spatio-temporelles, tout en faisant voyager ses spectateurs dans le Fahrbot (il manque un peu de Jimi Hendrix dans la compilation, idoine pour la planète psychédélique d'Ego). Casting hors pair, avec Stallone (parfait pour la combinaison), Kurt Russell (rajeuni en une séquence, on y croirait), David Hasselhoff (il fallait référencer son concert mythique sur le mur de Berlin).

Concernant Starlord, on retrouve un paradoxe héroïque parfaitement résolu chez John Crichton, entre le mâle ironisant, chaotique, l'après James Bond monochrome, mais ayant toutes les qualités du grand solutionneur, une sorte d'Alois Schwarzenegger. Ainsi Chris Pratt navigue en eaux scélérates, changeantes, comme le capitaine de navire mais d'humoristes (il s'agit de ne pas déchaîner la violence patriarcale, à l'inverse de Bill Adama dans BSG), soudain crédible en gros-bras, ironique en temps normal, mais carrément trop décalé pour faire couler une larme. Starlord n'y survit pas tout le temps, sa performance devant raconter tout à la fois, tout sous couvert de nonchalance.

Richard Dean Anderson s'était hissé à la forme Bill Murrayenne des capitaines militari, mais très crédible dans la commandanture, par une corporalité moins gonflée. La dramatique, et donc la fébrilité du film, réside là, parmi les rôles de capitaines et d'hommes. Yondu, le père chtonien, de la cuvette des chiottes d'Emile Zola, face à Ego le père céleste,  incandescence colonisant les mondes à son image; revient au fils de comprendre à qui il reconnaît l'amour et le Prestige, d'apprendre à qui revient la Dette (satisfecit pour cet arc).

Marvel doit avoir cinq-cents infographistes sous CDI, à qui sont commis des moneyshots finals obscurs, que les meilleurs réalisateurs marvelliens tel Shane Black savent canalyser autour d'une danse intelligible - à qui même Tim Miller s'était abaissé pour une conclusion incompréhensible à Deadpool (on aurait dit Woody Allen soudain vendre son âme aux avocats). On sent les goldenboys prendre le dessus sur le storyboard d'un cinéaste et ce sont les quartiers malfamés de cette cité ultra-colorée, mimant les animes d'un Warcraft au détour de longues périodes de jeu. Heureusement, entre les temps bidons, le film survit magnifiquement bien au monstre qu'on lui demande d'être, s'intéresse à ses personnages (version TGV); on se permet des scènes géniales d'échappée par Yondu à travers les portes temporelles, à l'image du voyage fantastique où nous sommes invités.

Bref, un très cool film, avec une belle proportion dédiée à la paternité (quel père, quel fils ? une question magnifiquement dramatisée); se permettant, par sa bande-son, des moments un peu bollywoodiens, parés à plus d'ampleur (on est dans le cinéma fun).

  • Oui, et c'est bien le fun qui me plait ici. Fun, intelligent, déjanté et puis surtout l'occasion de dire à la critique intellochiante " Voyez, c'est surtout cela le cinéma, du divertissement, du dépaysement avec une minimum de références pour que le réalisateur ne passe pas pour un blaireau qu'il est loin d'être."

    · Il y a presque 7 ans ·
    Gaston

    daniel-m

Signaler ce texte