Hannah, tu es si seule

bulledencre

Silhouette vaporeuse entourée de vide.Comme figée, tes yeux gris se perdent dans le vague. Le plateau devant toi déborde de nourriture, et tu n'y toucheras pas.

Hannah, tu te sens si mal, et les longues mèches brunes rabattues sur ton visage n'y cachent rien. 

Pour une fois, tu as cessé de scruter le va et vient des autres aux visages incertains. Après tout, cela fait tant de temps que tu cherches chez eux ce qu'il te manque.La jalousie a laissé place à une sorte de rancoeur, qu'il est trop dur de regarder. 

Seuls les battements affolés de ton coeur comblent ton silence étrange dans tout ce brouhaha.Tu devrais y être habituée, mais tu n'y arrives pas.
La chaise est toujours vide en face de toi, et tes pensées s'assombrissent. Elles restent ancrées dans ton esprit et tournent à l'infini.

Tes pleurs étouffés, ton angoisse silencieuse finiront par te rendre folle. 
Hannah, pourquoi as tu si peur ?
Je le vois, chaque heure qui passe, tu recules un peu plus au fin fond de ta coquille jusqu'à t'heurter aux bords. Et tu te désespère d'être encore apparente. Tu ne sais comment Être.
Sur tes épaules courbées, une question pèse sans cesse "Qu'ai je de différent ? " . 
Tu questionnes en vain ton reflet un peu flou sur la fenêtre. C'est ce qui arrive quand personne n'est là pour entendre. Et ce sont tes propres réponses qui te blessent. 
C'est toi même qui t'enfonces dans ces sables mouvants du rejet de soi. 
Hannah, chacun s'est déjà étonné de te voir si seule. Tu n'es sans doute pas ordinaire, pourtant est ce étrange? 
Tu n'a pas su trouver de personnes qui te ressemblent, alors qu'il y en a. Il y en a qui t'accueilleraient à bras ouverts si ils savaient. Si ils savaient que ce n'est pas par choix que tu te mets à l'écart. Mais parce que personne, personne n'a su te convaincre que tu étais quelqu'un. Quelqu'un d'important. Alors oui, tu en veux au monde entier mais surtout à toi même. Et tu te détestes, tu te penses incapable. 

Hannah, promets moi de manger et sourire malgré tes larmes.
La tête dans les nuages, les autres ont du mal à t'aborder. Ils ne voient pas la comète oubliée que tu es, qui pourtant resplendit. Ne pleure plus, car c'est eux qui ont tord.

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