Harcèlement X au travail

divina-bonitas

harcèlement des femmes au travail

Pas joli joli le harcèlement X au travail. Les langues se délient et c'est tant mieux. Ça commençait à bien faire.


Chacun sa méthode.


Il y a les types directs qui ne s'embêtent pas avec les préliminaires et ne font même pas semblant. Pénibles mais pas les plus dangereux. Je me souviens d'un, chef d'une équipe de vente, lequel m'offrait de la lingerie sans équivoque devant tout le monde tout en me disant clairement quand nous étions seuls "c'est quand tu veux". Le second était le patron d'un service annexe à celui dans lequel je travaillais, un aristocrate qui avait l'âge de mon père et était marié. Si j'avais le malheur de me trouver seule dans l'ascenseur, il me scotchait contre une des parois après avoir bloqué l'engin d'un geste preste, m'abreuvant de propos salaces et de mains baladeuses. Un soir après le boulot il me poursuivit sur une place profitant de ce qu'elle était vide, pantalon aux genoux, ses "appareils" dansant dans l'air opaque parisien. Extravagant et totalement pathétique!


Puis il y a le pire, le patron marié qui parle de sa femme et de ses gosses, qui a leurs photos dans un joli cadre sur son bureau et qui entame ses manœuvres sournoises. Ça commence par "vous avez l'air tendue, je vais vous faire un petit massage des épaules", ça continue par "vous viendrez au dîner avec tel client, je compte sur vous, mettez votre robe rouge", à table "qu'est-ce qu'on est serré" sa jambe se collant de façon insistante contre la vôtre, puis un jour dans la voiture, sa main droite commence à se poser mine de rien sur votre genou, juste avant au restaurant le "je vais choisir votre menu, ça vous ferait du bien de perdre 2 kilos", les petits cadeaux ramenés pour vous d'un salon devant engendrer moult remerciements, jusqu'au jour où le gars ferme la porte de votre bureau pour vous dire qu'avec sa femme, c'est plus vraiment ça et vous demander quelques positions vous préférez. Sans oublier les crises de rage si un matin vous êtes en retard ou avez une petite mine générant les "vous avez passé une bonne nuit?", "j'attends de vous que vous soyez là à l'heure!", "je trouve que votre travail laisse à désirer en ce moment", sans parler des petits mots posés sur le bureau en votre absence, tour à tour flatteurs et encenseurs ou humiliants et menaçants, des "si vous me quittez, vous ne trouverez plus de travail sur la place". Un jour il me laissa une lettre de deux pages tenant des propos d'une rare violence. C'est ça le harcèlement, cette manière de déstabiliser l'autre, de l'encenser puis de l'humilier, d'alterner la carotte et le bâton, d'être successivement séducteur puis dominateur voire menaçant. Courage fuyons! Je mis 500 bornes de distance en le plantant du jour au lendemain. Il me poursuivit néanmoins, appelant mon nouveau boss dans un état de fureur avancé, arguant que j'étais une voleuse partie avec un classeur et une ramette de papier. Je bénis mon patron de l'époque, lequel le renvoya dans ses 22 manu militari en lui expliquant que je pourrais l'attaquer aux Prud'hommes pour ses agissements.

Renseignements pris, avant moi il s'en était pris à la secrétaire administrative - divorcée avec deux enfants à charge - qu'il harcelait jours et nuits en l'abreuvant de messages tour à tour cochons et insultants même à quatre heures du matin. Pendant et après et jusqu'à ce qu'elle rencontre un homme gentil, j'appris que sa secrétaire devait subir ses assauts répétés sur le bureau de l'accueil, il menaçait de la virer, la laissant seule et sans job, alors qu'elle devait élever seule ses deux petits garçons.


Chaque femme - uniquement des célibataires et des divorcées de moins de 35 ans - qui entrait dans la boite était choisie d'abord pour son physique, puis devait naviguer à vue selon l'humeur de Monsieur, subir son harcèlement X mais aussi moral. Très perturbant pour celles qui ne sont pas équipées pour affronter ce genre de pervers. J'étais jeune mais très expérimentée en arts martiaux, d'une nature insoumise, alors ce genre de gus ne m'a toujours fait qu'un seul effet, me hérisser le poil et réveiller ma combativité, avant de me faire fuir à toutes gambettes, le plus loin possible. Faire gaffe, il y a des roses qui piquent!


A l'époque on n'en parlait pas, mais j'espère qu'aujourd'hui les femmes qui subissent ce genre de violences quotidiennes vont se rebeller et qu'elles seront écoutées comme il se doit, qu'on les croira. De toute façon, j'ai toujours constaté que ce genre d'énergumène toxique avait/avait eu de nombreuses proies.  Il suffit de chercher pour trouver.




  • Dans ma carrière de fonctionnaire, la très grande majorité de mes chefs furent des femmes, ça ne m'a jamais posé le moindre début de problème, mon égo était relax.. Quand à harceler mes collaboratrices, cette seule idée me glace le sang ! L'horreur absolue. Eh ! les harceleurs ! Vous pouvez vous regarder dans un miroir ???
    Votre description est terriblement juste, Divina.

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Oiseau... 300

    astrov

    • La vérité a souvent le mérite d'être juste...il y a des choses qu'on n'invente pas du fait qu'on peine à les imaginer!

      Merci Astrov de votre lecture et commentaire!

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      divina-bonitas

  • Quelle horreur ! Prendre une femme en otage parce que le type sait qu'elle ne peut pas se permettre de quitter son travail.
    Moi, c'est beaucoup moins grave, mais j'en avais assez qu'un chef de service, au bureau, passe sa main dans mon cou, je l'ai envoyé balader. Il me l'a fait payer en dénigrant mon travail, en m'appelant dans son bureau et en m'humiliant devant tous ses autres collègues. Cela a duré un moment, et puis en rentrant de vacances d'été, j'ai appris qu'il avait eu une crise cardiaque, qu'il était mort ! Triste pour sa femme et sa fille, très jeune à l'époque, mais moi, j'en ai été secrètement soulagée et ravie. Je n'ai jamais pu m'empêcher d'avoir ce sentiment de revanche. Il avait 39 ans et moi 27. Je n'en ai jamais parlé à personne,. C'est vrai que le geste n'était pas si grave, ce qui l'était plus, c'était qu'il profite de son statut de chef. Un collègue s'était étonné de ce harcèlement mais je n'ai jamais donné d'explications. Cela m'a servi de leçon, et j'ai toujours été diplomate, par la suite, pour repousser des avances qui ne me convenaient pas.
    C'était une autre époque, les femmes parlaient encore moins que maintenant.
    En tous les cas, bravo pour ce texte divinita, car tu as subi beaucoup plus !

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • ...bien sûr, je ne parle pas des attouchements dans le métro et des exhibisionistes, j'y ai eu droit comme beaucoup d'autres !

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Louve blanche

      Louve

    • Ça me fait penser à un type genre costard-cravatte qui m'a proposé "la botte" alors que je regardais une vitrine de layette enceinte de 9 mois, deux jours de mémoire avant mon accouchement...non mais je te jure! Des baffes qui se perdent!

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      divina-bonitas

    • Ce qui est dégueulasse est de menacer les femmes de perdre leur boulot. Perso je n'ai jamais eu le sentiment d'être une victime. A la limite une proie mais je me suis toujours vue dans le rôle de la mangouste terrassant le cobra! Il faut dire que je suis d'un naturel ultra combatif et d'une famille de femmes aux tempéraments bien trempés!!! Heureusement! C'est bien utile parfois. Mais je pense à toutes les autres...

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      divina-bonitas

    • Puisqu’en on est à l’heure des témoignages. Quand j’ai commencé à travailler, j’avais les cheveux longs, des jeans moulants comme tous les jeunes d’alors. Bref, bien qu’hétéro, je n’avais aucun succès avec les filles, par contre, je plaisais énormément aux garçons. Mon premier Directeur Technique était marié avec des enfants, non, je veux dire qu’il était marié avec une femme et avait des enfants, c’est plus claire ainsi. Il me dragua pendant tout le temps que j’étais dans la boite. Mais à part quelques situations gênantes, il n’usa jamais de sa supériorité hiérarchique pour me menacer. Non, il restait un mec sympa. Quand j’ai démissionné avec mon meilleur pote, il nous a invité au resto, sans faire aucune allusion style, « je prends une chambre ? » J’ai connu un harceleur gentleman. Maintenant, mon histoire n’a rien à voir avec la torture morale qu’inflige ces porcs la plupart du temps au quotidien, c’était juste pour décontracter l’atmosphère.

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

    • C'est très louable de décontracter l'atmosphère! Merci de ce témoignage sympa.

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      divina-bonitas

    • Ou il était en manque le mec, ou il était "miro" ! Mais certains sautent sur tout ce qui bouge, on le sait. Mais, j'ai tout de suite compris divina, que tu étais une femme de caractère, qu'il ne fallait pas t'en "conter".
      Je ris à la petite histoire d'Hervé, il a loupé une grande occasion !

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Louve blanche

      Louve

    • Miro...aveugle plutôt! J'avais pris 35 kg! La Tour de Babel!!!

      · Il y a plus de 6 ans ·
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      divina-bonitas

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