Hasards

Susanne Derève

et sur https://ecritscrisdotcom.wordpress.com/2018/06/22/25966/

Pourquoi  donc     ce bois mort

cet autre  a résisté au gel 

Pourquoi       ce ciel de fin d'après-midi

soleil après la pluie  la course

des nuages  leur froid baiser

de bruine  aux oiseaux de passage

 

Pourquoi     mes roses hachées de grêle

et les tiennes épargnées   était-ce

que ce vieux mur les tenait à l'abri

du vent    ou le fruit du hasard

celui qui m'avait fait t'aimer

un jour et en payer le prix

et puis ne plus t'aimer

un matin  on s'éveille transi

et l'amour n'est plus qu'un bois mort

entre des bras meurtris

un fruit tavelé   un remords

 

Il ne reste qu'à fuir     à temps

-   avant -   d'avoir gâché

ce qu'on a pu sauver de la grêle

et du vent 

et ne rien emporter

 

...  qu'un regret du printemps


Illustration :  L'arbre rouge (Piet Mondrian)

  • Je n'ai rien pu sauver
    des fruits de l'été,
    que le gel a figés ,
    et la vie s'est immobilisée,
    au bout des branches dures .

    C'était la fin du parcours :
    ainsi en va-t-il en amour
    comme des fruits trop mûrs ,
    qu'on ne cueille pas à temps
    pour en faire de la confiture :

    Demande à la peinture
    - et à Mondrian
    dont les arbres strient
    le ciel d'hiver - ,
    dans son univers
    ses gris, baillonnent les cris .

    Les feuilles d'or
    ont depuis longtemps déserté les branches ,
    remplacées par la neige blanche ,
    comme autant de remords.

    Je ne sais pas s'il faut fuir ,
    devant la grêle et le vent :
    - ce sont ces éléments
    qui font se souvenir ,
    hors du regret du printemps ,
    que la vie se repose
    avant qu'à nouveau , elle éclose - .

    Ce bois , qui semblait mort , attend
    aux jours meilleurs,
    de la brise, la caresse,
    que les fleurs renaissent
    et chantent encore, entre nos deux cœurs .

    -
    RC - nov 2018

    · Il y a plus de 5 ans ·
    Tulip  avr  21  03

    rechab

  • Apprends-nous, nuit, à toucher le fond,
    À gagner le non-lieu où sel
    Et gel échangent leur secret,
    Où souffle et source re-font un.



    Des mots projetés dans la nuit
    Pour traverser à gué la Voie,
    Pour retrouver, jadis entrevue,
    Depuis longtemps perdue, l'Étoile.



    Consens à la brisure, c'est là
    Que germera ton trop-plein
    De crève-coeur, que passera,
    Un jour, hors de l'attente, la brise.



    Au sommet du mont et du silence,
    rien n'est dit, tout est.
    Tout est vide et plein, tout passé présent,
    tout en nous renaît.




    Envoi

    Ne quémande rien. N'attends pas
    D'être un jour payé de retour.
    Ce que tu donnes trace une voie
    Te menant plus loin que tes pas.

    ---------

    François Cheng " Enfin le royaume"

    · Il y a presque 6 ans ·
    Tulip  avr  21  03

    rechab

    • c'est très beau et je ne connaissais pas , tu en as d'autres ?

      · Il y a presque 6 ans ·
      Photo

      Susanne Derève

    • des François Cheng, oui, j'en ai d'autres, mais là je suis tombé dessus par hasard, sur un blog, et j'ai pensé que c'était pertinent pour te faire écho....---

      · Il y a presque 6 ans ·
      Tulip  avr  21  03

      rechab

  • c'est superbe !

    · Il y a presque 6 ans ·
    Screenshot 20191224 104148 2

    li-belle-lule

  • Ainsi va le temps...il n'épargne rien.
    Quel joli poème, j'adore ce style !!

    · Il y a presque 6 ans ·
    Louve blanche

    Louve

  • Avant toute analyse, que c'est beau !

    · Il y a presque 6 ans ·
    Photo 1 orig

    Alain Balussou

    • merci ! ( n'analysez pas, ça vaudra mieux pour moi !)

      · Il y a presque 6 ans ·
      Photo

      Susanne Derève

  • je vous souhaite encore de belles saisons littéraires... Ces feuilles là ne tombent pas ! Quelques lecteurs -balayeurs en font de jolis tas !

    · Il y a presque 6 ans ·
    Autoportrait(small carr%c3%a9)

    Gabriel Meunier

    • quel joli commentaire ! Merci aux lecteurs -balayeurs : )

      · Il y a presque 6 ans ·
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      Susanne Derève

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