Hector et Mathilde

r--

Fragments d'un début de commencement de roman.

La rue était fraiche et son scooter, qu'il venait d'enchaîner au réverbère, suait sous la lumière verticale. Sa montre indiquait dix heures et demie. Il était très en retard. Le repas devait être commencé depuis longtemps.

Il gravit l'épais escalier de moquette rouge et ce, malgré les cinq étages. Ce n'est pas tant qu'il craignait les ascenseurs, mais il avait trouvé dans ce maigre palliatif une raison suffisante pour ne pas reprendre le sport. Il ne put sonner tout de suite. Le souffle court, il écoutait au travers de la porte la conversation dont il ne saisissait pleinement  que les réponses d'un homme. Il se le figura barbu et imbu de sa personne. Dans cette pièce voisine, il imagina également Joseph et Louise, les hôtes, et uniques personnes qu'il connaissait personnellement pour avoir vécu avec eux. Leur colocation avait duré deux ans, avant qu'il ne se sente irrémédiablement de trop et qu'il se résigne à occuper le studio rue du Petit Thouars que sa famille possédait. Il les imaginait se mouvant autour de convives figés par l'espace restreint, dans un ballet rôdé par les innombrables troisièmes jeudi du mois qui avaient suivi la décision de cette invitation périodique.

Le concept était simple. Ils conviaient quatre personnes, différentes à chaque fois, qui elles-mêmes invitaient deux personnes chacune si bien que, l'immense table de bois brut ne pouvant pas contenir la quinzaine de couverts nécessaires, tout le monde partageait gaiment chaise et assiette tout au long du repas. Le diner même relevait de l'exercice de style le plus complet puisqu'en dehors des fameuses lasagnes de Louise, présentes en toute occasion, le menu se composait de ce que les convives avaient choisi, sans concertation préalable, de rapporter. Les déséquilibres furent fréquents. Jamais pourtant elle n'avait souhaité déroger à la règle de la liberté totale, arguant que cela faisaient justement tout le charme de ces soirées.

 La porte s'ouvrit au troisième coup sur Joseph qui le gratifia d'une accolade virile.

« C'est Hector-deuxième-service ! » cria-t-il à Louise qui apparaissait à son tour.

« Tu as de la chance, j'étais sur le point de céder face à tous ces vautours qui louchaient sur la dernière part de lasagne ! Bonsoir Hector ». Elle l'embrassa chaleureusement.

« Je crois que nous ne sommes pas loin d'un record ce soir ! ».

Effectivement, Hector découvrit une cuisine surpeuplée. Il répondit à l'inconfort de ces trop nombreux visages tournés vers lui par une assurance feinte. Il parla fort pour expliquer son retard et s'introduisit auprès de convives de façon exagérément chaleureuse. Pour une fois, il ne connaissait aucun des invités. Le premier cercle était ce soir composé exclusivement d'anciens amis du lycée Saint Thomas D'Aquin de Louise, qu'elle voyait en de rares exceptions. 

« Prends ma place, je vais aller me fumer un clope ».

Damien n'attendit pas sa réponse pour se lever et atteindre non sans mal la fenêtre. Hector s'assit en même temps que lui étaient servis la part de lasagne et un verre de Bourgogne.

«… moi je persiste à penser que Paris se musifie et que nous nous complaisons trop dans un passé glorieux dont tout le monde au final se fout. J'ai été à Berlin cet été et cette ville a une telle énergie que j'en suis presque venu à regretter qu'on n'ait pas été un peu plus bombardé en 40. »

« Vous êtes géniaux vous les architectes, vous sortez à peine d'école et il faudrait tout démolir pour vous permettre d'assouvir vos désirs de création. La vérité c'est que hormis trois ou quatre buildings dans le monde, et encore, plus aucun de vous n'est capable de rivaliser avec ce passé que tu dénigres. Alors laisse Haussmann un peu tranquille et commence par nous faire un petit immeuble dans une banlieue anonyme qui ne finisse pas délavé après seulement cinq ans. »

Leurs codes adolescents transparaissent dans leur joute. La distribution des rôles n'avait certainement pas beaucoup changé. Camille, blonde incendiaire à la frange affirmée, avait surement toujours été la plus prompte à réagir aux propos volontairement provocants de Thibault. Ce dernier, visage gracile et montre hors de prix dénonçant ses origines bourgeoises, était exactement le genre de personne qu'Hector pouvait détester en une simple poignée de main. Il nota également une espièglerie inhabituelle dans les yeux de Louise.

La cuisine accueillait un grand miroir sur son flanc gauche, comme pour se faire pardonner d'offrir un espace aussi restreint à une foule aussi dense. Ses proportions étaient pourtant bien plus généreuses que ces consœurs parisiennes puisque, peu après son départ et probablement dans l'optique de ces rituels mensuels, la chambre qu'Hector occupait avait été avalée. Les coups de burin avaient facilement fait descendre le faible mur et ne subsistait comme trace de la pièce passée que le vieux parquet s'opposant au carrelage à damier. Lucile était assise à la place même de son ancien lit, un futon bas qui donnait à la chambre l'impression d'une zone de transit. Sur le visage de chaque fille qui en avait un jour ouvert la porte, se lisait une légère déception de ne pas y retrouver l'atmosphère si accueillante qu'elles avaient ressentie en entrant dans l'appartement. Hector y était habitué. Ces imperceptibles déconvenues avaient jonché ses histoires amoureuses et il s'était résigné au fait qu'il ne représenterait jamais un premier choix.

...

Hector avait une tendresse particulière pour les rousses aux yeux verts, tendresse qu'il attribuait à Louise et sa façon si envoutante qu'elle avait d'enrouler ses mèches déjà bouclées lors de leurs récréations de primaire. Et même si les yeux de Mathilde tendaient plus vers le bleu, la délicatesse de sa nuque compensa amplement cette légère digression.

Il s'éveilla mollement, dans la pénombre encore blanche de l'aurore, et ses premiers mouvement butèrent sur son corps endormi. Sa peau était émaillée par les rayons horizontaux que filtrait le store.

...

// Notes en vrac

Hector simule, joue. Elle non

Flashback de leur vie à trois. Souligner le sentiment d'exclusion uniquement dû à la fusion du couple Joseph/Louise, que pourtant tout oppose 

Sa chambre a été supprimée pour agrandir la cuisine, contraste entre l'intimité passé et la foule présente

Personnifier la cuisine : c'est une mère qui accueille tous ces gens.

Fil rouge du piano, qu'il a appris de force

Utilisation du flashback de l'enfant qu'il a été, des aspirations qui furent les siennes pour l'adulte qu'il est devenu

Juge les gens très rapidement, à leurs chaussures

Opposant dragueur, éconduit au milieu du roman

Pseudo bobo pérempteur, remis à sa place par Mathilde. Coup de foudre immédiat d'Hector (trouver un signe fort pour montrer la rupture à partir de ce moment

Réveil à ses côté, dans la pénombre blanche de l'aurore, vision de leurs deux corps soudés à travers le miroir, passage du « il » au « je ». Fin

Utilisation de l'épanadyplose

Châtain 1,80m yeux noirs ni bronzé ni blanc a enchainé les petits boulots parents bobo vivant maintenant dans une vieille bâtisse retapée du Lubéron lui habitait avant dans le 11ème. Profil littéraire. A commencé des études d'avocat qu'il a très vite arrêté

Rousse, 1,76m yeux verts peau blanche grandes lunettes fille du 7ème (elle a quitté avec regret la rive gauche) parents bourgeois. Elle en a hérité quelques codes mais elle est une fille plutôt simple, au contraire de ses amies. Elle à une petite voix mais un caractère bien affirmé. A les pieds sur terre.

Pas de phrase direct pour Hector (afin de montrer son décalage avec le monde extérieur)

Signaler ce texte