Histoire avec paroles.

Hervé Lénervé

« Un conte spécieux vaut mieux qu’un contentieux. »

Le vendeur m'avait pourtant prévenu, quand je l'avais acheté, ce trampoline de jardin destiné à distraire ou soustraire les enfants  des mamans qui venaient  passer un(e) agréable après-midi en ma compagnie. Mais bien sûr, comme tout un, chagrin, je ne l'avais pas pris au sérieux ou sériorisé  davantage.

Il m'avait dit de me méfier, car ce nouveau produit, issu de la toute dernière technologie des ateliers « Saute qui peut ! » avait une capacité à faire rebondir les corps extraordinairement haut, très haut, trop haut. J'avais même pensé : « Va y mon coco, prends-moi pour un gogo ! Sort-moi tes boniments dignes d'un  conte de fée à dormir debout pendant cent ans au bois ronflant des sept nains de mon jardin. »

Pourtant, il faut bien l'admettre, une fois monté, selon les instructions idoines des Galápagos, le trampoline se montra redoutablement efficace. Le premier gamin qui l'essaya, c'était le sal vaurien mal élevé de ma jolie voisine d'à côté qui n'avait pas voulu. Il se perdit dans les airs, si haut, qu'il apprit la politesse et ma voisine, pas coquine, ma mesquinerie en le cherchant encore.

Il est vrai, je me suis bien gardé de dire aux enquêteurs, qu'il était venu chez moi pour sauter un peu, là, où sa mère, l'offusquée, si était refusée de beaucoup. De toute façon, ils ne m'auraient pas cru.

Il est vrai aussi, que j'aurais dû démonter la catapulte du Diable immédiatement, mais comme je suis du genre nonchalant, je remis à la procrastination l'opération.

Erreur, faute, négligence ou bien les quatre mousquetaires ensemble(s) (jamais su l'orthographier, l'autre.) ! Que voulez-vous les trampolines ont un pouvoir d'attraction incroyable sur les petits démons, si bien que mes petits voisins, voisines, se passèrent le mot pour venir sauter les uns après les autres. Hop, hop et hop… y a plus.

Maintenant, j'organise des soirées rémunérées avec les parents des satellité(e)s qui se déplacent pour voir passer leurs gamins à heures régulières, par nuits dégagées derrière les oreilles.

J'ai même établi un calendrier assez précis en heures cosmiques des tournées que je vends pour la somme modique de 5 € plus 1000 € de frais relatifs à l'EASF. (Escroquerie Affective aux Sentiments Filiaux).

Regardez bien madame la maman, monsieur le papa, dans une minute c'est le petit Marius de 22 h 37 qui passe sans s'arrêter en gare. Les parents font de grands signes d'allégresses à leur chérubin à son tour de manège et me donnent rendez-vous pour le lendemain. Même heure, même somme et ils pourront encourager leur rejeton à faire la navette.

Je me suis pas mal enrichi avec ma petite entreprise, si bien que j'ai investi dans l'achat d'autres trampolines. Mon ambition première était de créer une ronde enfantine tout autour de la Terre, où tous les bambins et les bambines, de même âge, pourraient se tiendre par la main (du verbe ; tiens voilà du bambin !). Comme, je suis en instance, non pas de divorce, mais de recrutement d'une douzaine d'assistants pour me retirer lentement des affaires, car mon ambition seconde est finalement de vivre  oisif et peinard grâce à mes rentes capitalisées honnêtement.

Comme quoi, quand on n'est pas très regardant sur la morale : « il y a, pas mal, de fric à se faire du malheur d'autrui. »

***

Demain, je vous raconterai encore pire, vous ne le croirez jamais, l'histoire du garagiste qui a dépanné ma voiture, sans vouloir, malgré mon insistance répétée, se faire payer, sous prétexte que cela ne lui avait pris que deux minutes et que l'on était voisins et amis depuis trente ans ! Uncrédibeule, non ?

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