Histoires... naturelles ?

Gabriel Meunier

Il est admis que l'homme est un être social... Qu'en pensent les brins d'herbes ?

Il était une fois…

Il était une fois... un brin d'herbe.

Un brin d'herbe ?

Oui un brin, un brin, ni trop long ni trop court.

Un brin... Comment dire, ni trop maigre ni trop gros…

Bref, un « beau brin d'herbe » en quelque sorte,

Tout comme on dit « vois-tu ce beau brin de fille » !

Ce brin d'herbe, que nous appellerons "Brin d'herbe"

S'ennuyait, s'ennuyait, mais s'ennuyait !

Le vent avait beau le caresser, le soleil le réchauffer, la pluie le rafraichir… Rien n'y faisait.

C'était vraiment désespérant.

Tout autour de lui, devinez quoi ?

Des milliards de milliards de brins d'herbes,

Qui s'ennuyaient tout autant.

Allez comprendre cela ! L'union ne fait elle pas la force ?

Et vous vous exclamez 

Mais ils ne savent pas qu'ils sont très, très nombreux !

Pourquoi ne fondent-ils pas un parti, une congrégation, un syndicat, une association ?

Une ligue, un groupe de défense contre, pour…

Contre quoi ? Pour quoi ?

Pour Brin d'herbe, fixer le lieu, la date, l'heure de la fondation de cette institution était impossible.

Pas de langage ? Pas de noms ! Pas de vie sociale.

Le dé-sert. Un désert vert, vulnérable, fragile.

Un coup de langue de vache et hop ! Disparus ! Quant à la faucheuse, elle n'est pas loin.

On parle même d'invisibles et horribles poisons...

A un moment, c'était un bel après midi d'été,

Le brin d'herbe, le nôtre, pas celui d'à côté,

Sentit un poids énorme lui tomber dessus.

Il fléchit.

Une coccinelle, qui se reposait, se rendit compte assez vite de la situation.

Elle interpella Brin d'herbe.

Vous ne me connaissez pas ? Vous avez peur ?

Je suis La co-cci-nelle ! La co-cci-nelle !

On n'entendit pas directement la réponse du brin d'herbe. 

Pourtant la coccinelle eut l'impression que le vent apportait un léger, très léger message :

Mais... Des coccinelles, il y en a beaucoup ! Alors pourquoi employer un article défini ?

Vous ne vous mouchez pas du coude, vous, pour une minuscule coccinelle !

Le petit bijou vermillon s'agita, déplia ses ailes et prit son envol.

Reposée, dans un petit rire elle eut même la joie de lancer au brin d'herbe :

Ne désespérez pas ! C'est le printemps ! Vous allez tomber amoureux d'un autre brin d'herbe,

et vous aurez beaucoup de prairies, de pâturages verdoyants…

Tout cela nous fera... Un aéroport à coccinelles !

Vous aurez de la compagnie, et vous ne serez plus triste !

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