Homme qui chavire

Susanne Derève



Homme qui chavire

as-tu rompu l'amarre et laissé ta barque s'enfuir   

coulé tes désirs dans le bronze

foulé ce que la vie mendiait de patiente douceur  

et tu les mots  comme on renonce         

 

Homme qui supplie 

je n'ai plus de rêves à t'offrir

de bateau en partance

que l'étreinte de l'eau et les linges nus

de l'absence

 

Je n'ai plus que des nuits d'hiver

à brûler   des cheminées de cendre

plus d'aubes à partager

rien que des friches  des quais de gare

sans train à prendre

 

Homme qui supplie 

quand le  vertige nous  saisit  à l'instant 

où ton bras retombe 

faut-il encore que tout s'effondre

que le bronze retourne  à  l'amas de poussière

où se réduit le monde



Illustration : Albert Giacometti - l'homme qui chavire

 

 


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