Hommes ou bêtes, qui n'a pas de tête

Jean Claude Blanc

qui aime les bêtes, aime les Hommes, s'aime lui-même

               Hommes ou bêtes, qui n'a pas de tête…

Ces animaux, sages innocents

Qui sont l'objet d'expériences

Amis de l'Homme, soi-disant…

Qui les dissèquent au nom de la science

Pour assurer leur subsistance

Déchirent leur chair, pompent leur sang

Urgent qu'on prenne leur défense

 

Quelle sauvage humanité

Où suffit plus s'entretuer

Sortent leur couteau, les charcutiers

Même reconnus et appréciés

Pour leur bonne viande en leur charnier

Sûrs de s'en prendre une pleine ventrée

Alors que nos terres abondent de blé

Aussi tonique à moindre frais

 

Tellement cruelle notre espèce

Où on ne fait pas dans la tendresse

Bien au contraire, les dépècent

Ces bêtes séquestrées en détresse

 

Quelle fortune pour les abattoirs

(Pudiquement, laboratoires)

Réalité funestes mouroirs

Pour ces petits êtres qu'on laisse choir

 

Ne blâme pas les ouvriers

Job ordinaire, sale métier

Mal payés, passent leurs journée

Gaver les oies à satiété

Ne songeant pas qu'en vérité

L'angoisse qu'éprouvent ces volatiles

A se sentir tirer la bile

 

Le sacrifice, rituel sacré

Comme s'en parent les religieux

Pour gagner le ciel, faut le mériter

Sciemment mourir à petit feu

Par l'entremise d'un poulet

Offert aux dieux, occis, plumé

Pour se repentir d'avoir péché

Que ferait-on pas pour se faire du fric

Les chiens errants, vaste trafic

Perdus, délaissés, sans collier

La SPA, submergée, ne peut que les euthanasier

Certains s'en sortent, pas plus heureux

Entre les mains de fous furieux

Chercheurs, savants en leurs cliniques

Où patiemment les décortiquent

Tandis qu'un clebs avait confiance

A son cher maitre pour sa pitance

Menteur, sans cœur, sans conscience

A sa manière s'en débarrasse

Au pied d'un arbre, vite l'attache

S'enfuit en douce, sans que ça le tracasse

Traitreusement, anonyme lâche

 

D'autres aiment les dogues, d'un amour vache

Ainsi ça marche à coups de cravache

Les dressent pour mordre en les privant

De liberté, d'os à ronger

Ayant les crocs, le mors aux dents

Ça donne plus de piment

Pour dévorer les étrangers

 

Chats et souris, lapins, cobayes

Dotés d'ignobles attirails

Fils, électrodes sous la peau

Pour en apprendre sur leur cerveau

 

On leur refile tas de maladies

Afin de voir s'ils y résistent

S'ils en crèvent, ma fois tant pis

Les blouses blanches encore persistent

La vie des Hommes, n'a pas de prix

 

Ce n'est pas sans nous rappeler

Concentration des déportés

Qui avant d'être massacrés

Mis dans une cage, froide et souillée

Proies de ces docteurs maboules

Qui s'essayaient sur leur dépouille

 

Ce que l'Histoire est têtue

Les mêmes qui condamnaient le nazisme

En plus féroces, parvenus

Dans leur logique, y'a comme un schisme

Leur barbarie, on sous-estime

 

En cette période, de crise misère

Où les prolos se bouffent les tripes

Rognons, boyaux, moelle épinière

A ce gueuleton, tous participe

Jusqu'à finir par leur corps

Bien faisandé, lorsqu'il est mort

 

D'ailleurs on s'en fait une fête

Le roi de l'arène, taureau, musclé

Contre ce Zorro, enluminé

Fait guère le poids, face à l'épée

Que de chichis, pour l'achever

Juste de finir en brochettes

 

Arche de Noé, touchée, coulée

Hommes et bêtes, égalité

Sauf que survivent les premiers

Dans le court bouillon, les bons derniers

 

Pour faire mon intéressant

J'ai lu le Nouveau Testament

Y'a qu'un apôtre qu'évoque cette race

De petites et grosses bestioles

Faut lui dresser une auréole

Se nomme Saint Luc, suivons sa trace

 

Foi, mise à part pour cette engeance

Qui doivent subir tant de violences

Permettez-moi, cette colère

Contre ses (saigneurs) qui tiennent boutique

Juste pour faire leurs affaires

Sans aucune peine pour ces bourriques

 

Sûrement artiste, âne batée

Copain, cochon même portée

C'est pas leur faire la charité

D'être solidaires, bêtes aux abois

Comme elles, le suis, homme des bois

Fuis les fusils, on m'aura pas

 

Ma pauvre carcasse, usée, pourrie

Serait inutile pour la chimie

En guise de cachets en pharmacie

Que de la poussière, de la suie

 

Les « Professeurs Tournesol »

Me transformeront pas, ça les désole

En savon ou en aérosol

Suis qu'un esprit, manque de bol

Comme mes paroles, mes vers s'envolent

 

Y'a pas à dire, a le beau rôle

Ma chienne fidèle qui somnole

Finira pas dans le formol

L'ai adoptée, sortie de là

Ne sachant pas quelle chance elle a

Tellement gentille, me chauffe les guiboles

 

A-t-elle une âme, des sentiments

S'en fout pas mal, plupart du temps

Remue la queue, donne de la voix

Quand elle a faim, me lèche les doigts

Alors stupide humanité

Pour ces victimes, un peu de respect

A qui l'on doit, notre santé

Mettez-vous y, à leur place

Etre piquousé, sur toutes les faces

Enfin jetées, couvertes de plaies

Insignifiantes désormais

Quand l'expérience, est un succès

 

La science progresse, mais grâce à qui…

(Faut pas le dire, c'est un secret)

Trop braves ces bêtes de compagnie

Fausses caresses pour mieux les tuer

 

Combats de coqs, courses de chevaux

Flaire pour la chasse, fins limiers

A leur insu, sur leur dos

S'en réjouit la société

 

Elevées les poules en batterie

Pondent des œufs bien calibrés

Hélas danger, dès aujourd'hui

Bourrés de toxines, des lots entiers

Laissez les vivre au grand air

Publicité qui coûte pas chère

Par contre ruineux les bons produits

Qu'on trouve plus chez nos grands-mères

 

Au-delà de ma passion pour ces bêtes

Qu'on humilie et maltraite

Je les préfère dans les prés

Sans aucun stress, tranquilles en paix

 

Pour vous convaincre que j'ai raison

Malgré ma folle adoration

Pour ces complices intimes sur Terre

Donnent la parole à ces bouchers

Spécialistes en bonne chair

Vous le diront, par intérêt

« Un animal fiévreux stressé

Donne que de la viande avariée »

 

Que ne ferais-je pas pour persuader

Consommateurs fins gourmets

Qu'il vaut mieux faire la diète

Que se payer un bifteck

De ces compagnons alliés nés

« Qui veut faire l'homme, fait la bête »

Bien trop d'honneur, pour ces fortes têtes

Blaise Pascal, je regrette

Ta vieille formule, vaut plus tripette JC Blanc août 2017 (pour Marie Claude son engagement)

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