Hospices (4)

laura-lanthrax

paroles de Pépi

Blague à part, tu me feras le plaisir d'ôter ton maquillage de tortue, phanphan, fanfreluche, je désespère avec toi, tu n'écoutes pas maman, tu respires la malhonnêteté, tu dérives à ta perte, tu claques les portes avec effroi, mais je n'ai pas autorisé pareille liberté, quel débordement, quelle grimace, tout pour me fatiguer, le sort s'acharne avec véhémence, je suffoque déjà, j'apprends à mourir dans mes propres bras, je répète tant et plus, je puise dans mes dernières ressources, je suis bientôt prête, mais encore un courant d'air tout d'un coup, apporte moi ma couverture de pollen, tu sais bien, celle au fond du garage, pour calmer les loups, quelle fraicheur maintenant, on rentre mademoiselle, décidément personne ne m'écoute, je dois faire face quoi qu'il arrive, au bout du chemin, c'est incertain, mais je distingue nettement une petite respiration, avec un cœur qui bat, toc toc, c'est bien toi Marisa ? viens, accourt, décide toi, je n'en ai plus pour longtemps, mon ventre se tord à l'approche de la saison des fruits, il en redemande, tant et plus, c'est comme un carnaval rafistolé, décidément on s'affiche sans le moindre embarras dans cette tanière, les yeux sont fixés sur moi, mais quelle mouche les a piqué, venez mes amis, venez plus prêt, je vais puiser dans mes souvenirs à l'eau de roche, et délivrez mon message pour les futures générations, oui phanphan toi aussi, oui Marisa c'est pour toi aussi, quelle maigre consolation de les savoir là, j'aurais tout donné, mon souffle et ma liberté, dévouée tant et plus, incapable de la moindre réplique négative, acharnée à les rendre heureux, quelle récompense aujourd'hui, je dois continuer à les servir, à leur acheter une conduite, à effacer les traces de leur débauche, j'arrache la peau des ongles avec mes dernières dents, je crache sur mademoiselle, ça lui apprendra à ne pas nettoyer les tables, faut-il tout faire ici, apportez moi mon violon, oui l'eau déborde à force d'abandon, cette petite me rendra folle, phanphan mes lunettes, je vais vous lire la déclaration des droits de l'homme, à ma façon, une fois n'est pas coutume, dans l'horizon des siècles à venir, un message unique en musique, j'aimerais tant pouvoir tenir encore un peu, cette Marisa qui disparait, puis réapparait, je croyais t'avoir dit de ne plus la ramener, tu ne m' écoutes pas, tu me gangrènes, je lèche la table avec ma langue, voilà c'est propre, petite garce négligée, je dois aussi faire ton travail, maintenant tu peux servir, je dois donc tout vous apprendre, la propreté, la politesse, l'honnêteté, quelle fin de vie, aurais-je droit encore à un amoureux, à une dernière pulsation, on me barre le chemin, je ne dois voir personne, je les entends pourtant s'approcher, et me réclamer, mes loups au fond du garage, un seul suffira, phanphan va le chercher, et débarrasse toi de cette Marisa….

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