Icônes

J'aime les visages profonds des icônes, leurs cheveux longs et sages, madones d'un autre temps. Elles semblent tristes mais leur bouche fine reste évasive comme désolée de quelque chose qu'elles n'ont pas commis. Je les imagine marcher dans la rue, tout leur être malgré tout figé comme des statues, leurs gestes seraient mesurés et elles ne parleraient pas trop fort de peur de déranger. Qui seraient-elles, que feraient-elles dans la vie, elles sembleraient toujours poser pour un peintre invisible, un artiste démiurge dont le monde n'est que silence et discrétion. Elles semblent bien élevées, pas contrariantes pour un sou, qu'est-ce qui les anime derrière leur regard affligé? Etre la mère de l'Enfant Jésus est une si lourde tâche!

Il est rare qu'on rencontre des femmes au visage profond comme des icônes, d'une blondeur botticellienne ou aux cheveux bruns et chauds tels les marrons en automne. Les choses semblent glisser sur elles et elles se déplacent avec un port de reine comme si elles portaient une couronne imaginaire. Quelle douceur et quelle dignité se dégagent de ces personnes! On dirait qu'elles sont nées pour ravir les gens, qu'on soit des hommes ou des femmes peu importe, leur présence est hypnotique, ravissante telle la musique sacrée qu'on joue dans les églises.