iliades...( 610 )

Jean Marc Frelier


Les magnifiques...(2)

(psaume 209)




Assis

je les regarde heureux

s'abandonner l'un à l'autre

au mystère envoûtant

de leur intimité

qui relève extérieurement

du contact impératif

des gestes qu'ils s'échangent

il m'apparaît tangible

que la simple idée d'éloignement

quel qu'en puisse être le motif

déclencherait sur le champ

leur souffrance réciproque

un mètre à peine

amorcerait la déchirure

dix ou quinze entrouvriraient l'abîme

et davantage les anéantirait tous les deux

je ne me souviens plus

d'avoir aimé si fort

je ne me souviens plus

d'avoir aimé autant

si je devine à distance

les mots qu'ils se murmurent

au point de m'en inventer le souvenir

il reste que la chorégraphie instinctive

de leurs enchevêtrements attentionnés

ne trouve en moi aucun écho vrai ou fictif

comme ils se lèvent dans un frisson

mes pas s'enchaînent à leur sillage

s'imaginant gardiens

de la splendeur dont ils rayonnent

une fois la dernière porte fermée

je rentrerai de leur voyage

naïf d'avoir pensé les protéger d'eux-mêmes

l'espace d'un jour sans illusions

je ne me souviens plus

d'avoir aimé si fort

je ne me souviens plus

d'avoir aimé autant...


jean-marc frelier 14/02/2018 (ev)

“ à ciel ouvert “

copyright exclusif

Dédicace : M. Abraham Sutzkever

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